mardi 11 août 2009

Londres, suite







Il y a aussi Doris Lessing.





Le Nobel qui parle avec les chats

« Entre nous bavardages et câlins »
La dernière s’appelle Yum Yum, elle est blanche avec une petite tâche noire sur le museau.
« Elle a un caractère difficile » admet Doris Lessing.
« Je n’ai jamais eu une chatte aussi capricieuse .Quand je l’ai eue elle avait déjà cinq ans.
Durant des mois elle est restée cachée derrière le canapé .Elle avait été probablement maltraitée par ses ancien patrons »
L’année dernière lorsque Doris Lessing a été assaillie par la télévision et la presse, Yum Yum est devenue soudainement elle aussi une star. Mais elle n’a pas apprécié : le prix Nobel a plutôt été pour elle une source d’ennui.
« Trop d’agitation- se rappelle l’écrivain- elle était impatiente de retrouver un peu de paix dans le jardin. »
De Doris Lessing on se souvient des pages sur le féminisme, les récits de L’Afrique coloniale et de ses positions communistes radicales. Mais à Hampstead dans le quartier de la gauche chic Londonienne, la dame au chignon de cheveux blancs est simplement la gardienne des chats officielle du quartier et sa maison est un refuge sûr pour le chas errants et les chatons qui escaladent le muret en briques rouges à la recherche de nourriture. Il arrive même qu’un voisin voulant se débarrasser d’un vieux chat ou d’une portée non désirée vienne ici.
« Ils le font avec une grande cruauté, c’est quelque chose que je n’arrive toujours pas a comprendre. »
Lessing ne fixe pas de limites à l’accueil. Aujourd’hui le prix Nobel, qui a annoncé il y a quelque mois avoir renoncé à écrire, se consacre désormais à sa communauté même si Yum Yum est privilégiée : c’est la seule à pouvoir entrer dans la chambre à coucher.
« Avec elle j’aime parler » a-t-elle expliqué dans une interview publiée dans le wall street journal dans laquelle elle raconte, sa longue relation avec le monde des chats, faite d’attentions, câlins et des soins constants. Lessing a écrit un petit essai (« Des chats très spéciaux ») qui n’est pas un traité d’éthologie, mais une sorte de biographie autour de ses rencontres félines. Pour l’écrivain chaque chat à son tempérament .Chaque chat est spécial.
« Je donnerais mon cœur pour une larme de chat »dit-elle paraphrasant Kipling. Lessing ne pense pas que se sont des sphinx, animaux froids et distants.
«Celui avec qui j’ai le mieux communiqué - raconte Lessing - c’était « le magnifique », un chat d’une grande intelligence. Nous passions beaucoup de temps à nous regarder à nous toucher.
Une vision « minimaliste » du rapport entre les hommes et les animaux -une compagnie, un simple antidote contre la solitude- n’est pas envisagée par Doris Lessing. Et en l’écoutant parler on en arrive à penser que désormais elle les préfère aux êtres humains. Chaque chat qui meurt est un coup à son vieux cœur, un deuil difficile à surmonter.
Tout au long de ses errances d’une maison à l’autre d’un pays à l’autre, Lessing n’a jamais voulu renoncer à la compagnie d’un chat « j’aime aussi les chats mais pas en ville ».Elle n’avait que trois ans quand elle a caressé son premier chat elle vivait alors en Perse avec ses parents. En Afrique elle a aussi appris à jouer avec les chats les plus sauvages, imprévisibles félins du désert capables d’exécuter de très belles courses et des acrobaties mais aussi de mordre et de griffer de manière féroce.
Dès qu’elle déménagea à Londres, un des premiers cadeaux pour son fils fut un ami à quatre pattes. Durant ses quatre vingt six année de vie, Dors Lessing a cohabité avec des dizaines de chats, qui était presque tous des bâtard sans pedigree et abandonnés
« Je ne leur et jamais acheté des colliers ou des petits manteaux à la mode », en revanche l’écrivain se bat contre les stérilisations forcées.
« Cela signifie condamner les femelles à une vie mutilée » observe-t-elle
Le prix Nobel a aussi passé beaucoup d’heures chez le vétérinaire, pour soigner ou sauver ses meilleurs amis. L’un d’entre eux atteint d’un cancer a du être amputé d’une jambe : « il a passé deux ans à souffrir atrocement je n’aurais jamais du permettre cela » On comprend qu’elle aussi en a beaucoup souffert. Elle a pleuré les larmes que les chats ne peuvent pas avoir »
La Repubblica, traduit de l’Italie par Laetitia André.

Aucun commentaire: