jeudi 1 octobre 2009

Que de justiciers !


Sur Internet, on aime passionnément la justice. Si on écoutait bloggeurs et internautes, Polanski serait envoyé illico sur une chaise électrique.
Heureusement, la justice n'est plus expéditive aujourd'hui comme elle l'était à Athènes au temps de Socrate.
En France, par exemple, et en général en Europe, il y a prescription (10 ou 15 ans) pour les crimes autres que les crimes contre l'humanité. Il y a aussi des éléments de pondération, comme par exemple les "circonstances atténuantes".
Enfin, même les criminels qui avouent puis expient leurs crimes sont tenus pour amendables au bout d'un certain temps (même si cette relative mansuétude a moins cours aujourd'hui depuis l'élection de N.S.).
Mais sans doute nos internautes pensent-ils que c'est la manière américaine qui est la bonne. Radicale.Pas de concession, pas de pitié, aucun indulgence pour le crime des crimes (le sexe..). Pas de pardon. Pas de rédemption.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je ne vais pas parler au nom des « justiciers » car je n’en fais pas partie.
Habituellement, ce genre de fait divers ne m’intéresse pas.
Pourtant, il faut avouer que cette fois, je me suis renseignée sur cette histoire qui en dit peut être plus long que ce qu’on pourrait croire à première vue. A moins que je n’extrapole bêtement.
Ce qui m'étonne dans cette histoire c'est tous ces "artistes" européens qui signent une pétition pour la remise en liberté de Polanski, non pas en appelant à la clémence de la justice, en faisant appel au non lieu, à la prescription de ce vieux crime mais en minimisant son crime. J’ai ainsi entendu Costa- Gavras déclarer qu’ il ne pouvait savoir qu'elle avait 13 ans, qu’au final c’était presque normal qu’il est cédé, oui c’est lui qui aurait cédé, tant les avances sont nombreuses dans ce milieu. Ils mettent en avant sa qualité d'artiste, de génie,...
Cependant, il me semble que tout comme nos chers ministres de la République, Mitterrand et Kouchner, ils ne fassent un amalgame. Certes, on ne peut juger l’oeuvre d’un artiste à l’aune de ses crimes, de ses vices, de son comportement, de sa morale. Cependant, on peut juger l’artiste, en tant que personne, que citoyen, à l’aune de ses actes.
Polanski à avouer avoir eu des relations sexuelles avec cette jeune fille après lui avoir fait boire de l’alcool et prendre des sédatifs. Il a d’ailleurs purgé ça peine pour cela. Ce qui devrait faire réagir c’est le fait qu’il ait déjà purgé sa peine. Pas la nature du crime, que Kouchner qualifie de petite histoire de moeurs sans importance.
Ensuite, permettez-moi de vous signaler qu’il n’y a prescription que 15 à 20 après la fin d’une enquête. Or, dans ce cas, voilà 30 que l’enquête n’a pas cessé. Du point de vue juridique il n’y a donc pas prescription.
Je ne suis pas pour que Polanski croupisse en prison jusqu’à la fin de ses jours. Je me moque, au final, qu’il soit rejugé ou non.
Toutefois, ce qui m’a exaspéré dans cette histoire ce sont les réactions en faveur de Polanski qui ont visé à minimiser sa faute. Mais au final, ça n’a rien de choquant en France. La justice applique souvent deux poids deux mesure selon l’identité du prévenu. Et c’est cela qui doit le plus choquer aujourd’hui.
Dans les pays anglosaxons, il me semble qu’il y a une vision différente de la justice, de l’éthique, de la morale. En Grande-Bretagne, par exemple, le détournement de deniers publique (à hauteur de 10000£) par des députés à entraîné la démission de ceux-ci. Serait-ce le cas en France ? Je ne le crois pas.
Et cela n’illustre pas seulement l’impunité qui règne au sommet de l’Etat, cela illustre aussi une faille de notre démocratie.
En effet, nous ferions bien de nous tourner vers la démocratie athénienne, celle du siècle de Périclès, non pas pour y trouver une recette mais l’idée que la politique ce n’est pas l’art ou la technique de la domination mais l’art de la liberté.
Pour se rendre compte que notre démocratie à un besoin vital d’égalité, de justice, indépendante des différents pouvoirs économique, politique,... Je pense qu’il serait bon de remettre quelques pratiques athéniennes au goût du jour !!
Par exemple, l’impossibilité de cumuler des charges, le devoir, à la fin de chaque mandat, de rendre compte de l’action que l’on a mené, la possibilité, à la suite de ce compte rendu, d’être assigné devant un tribunal pour mauvaise gestion. Comme le fut Périclès, alors même qu’il était le « chef » de cette démocratie. Périclès fut condamné par deux fois, d’ailleurs.
Ne vous méprenez pas sur mes propos.
Je ne suis pas une justicière ayant soif de vengeance, voulant faire payer les politiciens. Je pense juste qu’un peu plus d’éthique, de justice serait une grande bouffée d’air bienfaitrice pour nos démocratie.

Ambre R.

Lhansen-Love a dit…

Tout ce que vous dites semble juste, modéré. Ce qui a choqué dans tout cela c'est la réaction des politiques et des cinéastes.
Un peu précipitée, peut-être, maladroite.
Toutefois, il ne faut pas tout mélanger. Que nos politiques fassent peu de cas de la morale (cf affaire DSK), que la politique soit peu soucieuse d'éthique, sans doute avez-vous raison.
Dans le cas de Polanski, il ne s'agit pas de politique, il n'y a pas lieu de généraliser de toute façon. Son cas est très particulier. Or il faut juger au cas par cas.
C'est cela, avoir l'esprit juste. Ne pas appliquer des idées toutes faites avant de savoir, avant d'avoir les pièces du dossier. Les gens qui prennnent le parti de Polanski connaissent le dossier, alors que la plupart des justiciers d'internet découvrent tout cette affaire.
Il existe un documentaire qui montre qu'il y a eu des défaillances du côté de la justice.
Ensuite, tout homme, 30 ans après les faits, a droit à l'indulgence. Sauf pour les crimes contre l'humanité, pour toutes sortes de raisons qui ont largement été expliquées par les philosophes et les juristes.

PS: Costa-Gavras a évidemment raison. Si vous prenez en compte toutes les affaires de ce type, vous allez envoyer (rétrospectivement) beaucoup de cinéastes et de peintres en prison. Hitchcock, par exemple.Et puis il faut d'urgence interdire Lolita de Nabokov, qui encourage au vice, non?...

Anonyme a dit…

encourage au vice??
permet plutôt de le sublimer...
c'est d'ailleurs le rôle des oeuvres d'art, non??
d'un point de vue légal costa gavras à tort... ou tout du moins son argument ne vaut rien!
A.R