dimanche 14 juin 2009

Nicolas Hulot président (2012)


L'idée n'est pas de moi, mais de Laurent Delahousse (FR 2 aujourd'hui). Même si je suis d'accord : Nicolas Hulot est actuellement le meilleur .. (à mes yeux).


Mais voici pourquoi l'hypothèse ne tient pas la route:

Les écologistes aujourd'hui (Cohn-Bendit, Hulot, Arthus-Bertrand) qui sont aussi des hommes charismatiques et médiatiques, ne veulent pas être présidentiables, ni même assumer des fontions politiques nationales (jusqu'à preuve du contraire), dont ils savent qu'elles les décrédibiliseraient.
En effet, même si l'écologie est politique en ce sens qu'elle appelle des décisions politiques, elle n'est pas politique en ce sens qu'elle est morale.

L'écologie est une cause morale.
Pourquoi?
Parce que le discours des écologistes consiste à contredire l'esprit du temps ("il faut consommer pour entretenir la croissance, on n'a qu'une vie, jouissons sans entrave, travaillons plus pour dépenser plus etc..") pour dire: nous devons prendre nos responsabilités vis-à-vis de toute la population de la planète (les plus pauvres pâtissent en premier) et , bien sûr, vis-à-vis des générations à venir.

Il s'agit là d'une préoccupation morale, car elle est, à la limite, strictement désintéressée. Se soucier de l'impact des déchets nucléaires est exclusivement moral, nullement politique.


Les décisions écologistes ne comportent pas de retour sur investissement. Elles répondent à un impératif kantien ("tu dois parce que.. tu dois, indépendamment de tout profit") revisité par Jonas : parce que l'humanité à venir est vulnérable et ne peut se protéger elle-même de ce qui la menace, puisqu'elle n'existe pas.
Tout ceci va à l'encontre des préoccupations politiques. Car les politiques, qui ont toujours une échéance électorale, veulent (et doivent ) être réélus. Donc ils doivent expliquer que les mesures qu'ils prennent rapporteront quelque chose.
Dans le cas de la lutte contre le réchauffement climatique, ou le nucléaire, ou la préservation de la mer et des poissons, l'électeur voit ce que cela coûte, et beaucoup moins ce que cela peut rapporter.
D'où l'explication donnée par tant d'abstentionnistes: "Aller voter... à quoi bon. Cela ne me rapporte rien, à moi. Cela ne peut rien changer ...pour moi" (et pourtant les gens ont bien été voté quand il s'est agi de dire "non" à la constitution européenne).
Il me semble que le combat écologique ne peut pas être mené par des hommes qui ont des visées électorales nationales. Il est évident que si Cohn-Bendit change d'avis et se présente aux présidentielles, son combat cessera d'être moral.
Quant à N. Sarkozy, quand il nous dit qu'il s'est rallié à la cause verte (ou Martine Aubry) comment le croire?

Ainsi par exemple, quelle est sa position sur le nucléaire?

Et quid de la nomination (supposée) très politique de Claude Allègre?

Bref : vive Nicolas Hulot.

Mais pour ce qui concerne les présidentielles.. je ne vois personne d'autre à l'horizon que N. Sarkozy... Il le sait et il jubile à juste titre.

11 commentaires:

Camille a dit…

Dans quelle émission Laurent Delahousse a-t-il dit cela ?
Je vous suis, sauf peut-être sur un point : quand vous dites
"Les décisions écologistes ne comportent pas de retour sur investissement." Pas nécessairement... Je crois qu'un mode de vie "écolo" (consommation moindre donc travail moindre, etc) peut être une amélioration de la qualité de la vie. Et l'on peut sans doute en convaincre bien des citoyens... D'ailleurs vous ajoutez "l'électeur voit ce que cela coûte, et beaucoup moins ce que cela peut rapporter". Alors peut-être tout n'est-il pas perdu pour les politiques... Et je ne comprends pas bien en quoi les élections européennes ne sont pas une échéance électorale (pour Cohn-Bendit et les autres).
Au sujet des acteurs de la "vie civile" en politique, il y a sans doute bien d'autres raisons qui réfrènent leurs ardeurs présidentielles : c'est évidemment avant tout une fonction de représentation, et bien peu d'action. Pour des hommes comme Hulot ou Arthus-Bertrand, rendre visite à des panneaux solaires et se faire prendre en photo est sans doute une perte de temps... A n'en pas douter, il est plus intéressant d'être davantage dans l'ombre et d'influer sur le président en exercice. Je ne crois pas qu'il faille être obnubilé par l'élection présidentielle. Les législatives, c'est déjà un peu différent...

Pierre a dit…

Vous voulez dire que toute politique est nécessairement amorale ? Ne peut-on pas espérer voir arriver des hommes politiques droits et justes ?

Pierre a dit…

Vous parlez de Jonas...
Justement, je me demande comment peut-on soutenir l'idée de responsabilité par rapport à des êtres qui n'existent pas? il n'y a pas un risque de "mortification du présent" ?
On se priverait pour des êtres qui se priverait eux-mêmes pour d'autres... et à la fin personne n'en profiterait! On pourrai même imaginer que toute une génération refuse de faire de nouveaux enfants pour les protéger de ce monde pas assez sain? bye bye Jonas, bye bye l'humain!!
Le fait de dire "l'humanité doit continuer à exister" (donc les générations à venir....) ne présuppose pas un principe moral non évident? Jonas dit deux choses; nous devons perpétuer l'Homme, et nous devons préserver son environnement (donc nous sommes responsables d'êtres qui n'existent pas), cela me paraît totalement moralisateur, et non philosophique. Qu'en pensez vous?
Merci

Lhansen-Love a dit…

C'était sur Fr 2.
Oui bien sûr, les choix écologiques ont des retombées positives. Mais il est difficile de le démontrer, ce n'est pas si évident pour tout le monde.
En ce qui concerne l'Europe , il n'y a qu'à voir le comportement de gens amitieux (cf Dati): l'Europe n'est pas un enjeu politique (au sens de pouvoir et de bénéfices du pouvoir).
Personnellement je place tous mes espoirs dans l'Europe et plus aucun en France pour le moment..

Lhansen-Love a dit…

Pierre, Non toute politique n'est pa immorale -Cohn6bendit fait de la politique) mais "tout pouvoir corropmt inévitablement le libre usage de la raison" Kant.
Cohn-Bendit a dit qu'il ne voulait pas être présidentiable car ce type d'ambition est un virus et qu'il ne veut pas finir dans un hôpital. Il pratique un autre type de politique qui ne rend pas fou

Lhansen-Love a dit…

Sur Jonas: j'ai écrit un texte là-dessus dans Cours particulier de philosophie . Je ne peux pas le mettre en ligne, c'est trop long. Procurez le vous à l'occasion...
Ou alors je vais peut-être trouver un site pour le publier à part...

Pierre (Jonas) a dit…

Ce serait vraiment sympathique de votre part... Merci.

Lhansen-Love a dit…

Pierre, je vais y réfléchir...

Anonyme a dit…

Moi aussi, ça m'intéresserait beaucoup ce commentaire sur Jonas. J'ai lu l'extrait que vous nous proposez dans votre anthologie de philosophie, qui se termine en expliquant que ce devoir est "un axiome sans justification", mais alors que les impératifs kantiens me paraissent raisonnables et recevables, j'ai beaucoup plus de mal à me justifier authentiquement celui de Jonas.Le justifie-t-il dans le reste de son œuvre ? (c'est une question qui se pose aussi pour la question de l'avortement, non ? à partir du moment où l'on considère qu'un embryon n'est pas un enfant, qu'il n'est qu'une potentialité)

Pensez-vous qu'il faille séparer complètement écologie et politique, ou que la question écologique mérite d' être prise tout de même en charge par la politique ?

Lhansen-Love a dit…

Je vais essayer de trouver un site qui m'accueille. Je vous tiens au courant.
L'idée c'est celle d'une reponsabilité à l'égard de ce qui est vulnérable... au point de ne pas exister, de pouvoir ne pas exister...
Comme l'enfant à naître, en effet.

Alexis a dit…

Je crois que ce monsieur a la carrure d'un président. Et je crois que s'il peut l'assumer, même si l'idée lui fait peur, même s'il sait qu'il y sacrifiera sa popularité, il le fera.

Tout reste à prouver, bien sûr. Mais il me semble que M. Hulot va nous laisser pantois, qu'il va aller au-delà de l'image qu'on se fait de lui.

Beaucoup le voient encore comme un simple présentateur TV ; mais c'est mal le connaître. Qui a vu son film et lu ses livres peut se rendre compte à quel point il a évolué ces dernières années : il a procédé à une vaste autocritique, ainsi qu'à une réflexion profonde, quasi-spirituelle, sur l'avancement de notre civilisation et la place de l'homme en son sein ; il s'est engagé auprès de nos dirigeants depuis cinq ans (ce qui, certes, l'a contraint aux compromis que ses détracteurs lui reprocheront, mais lui a permis de faire avancer la cause écologiste de manière bien plus significative que la plupart d'entre eux) ; il a élargi son domaine de compétence à la réflexion sociale et économique...

Bref, quand il va commencer à parler - et il parlera, comme ne parle aucun politicien, puisque précisément il n'est pas un politicien - il aura quelque chose d'extrêmement neuf à proposer, quelque chose qui puisse penser une autre ère.

J'ai confiance en cet homme, en son humilité, en sa vision, en sa compétence (oui, j'ai bien dit en sa compétence, et sur ce point, beaucoup risquent de découvrir un homme qu'ils ne soupçonnent pas). Je crois profondément qu'il peut gagner une élection, car il redonnera de l'espoir là où il n'y a plus que du dépit.

La simple pensée de sa candidature me donne de l'espoir en tout cas, comme aucun homme politique n'avait su m'en donner à ce jour. Ce qui est tout relatif quand on a la vingtaine... mais cela fait depuis mes 13 ans que je m'intéresse à la politique, sans jamais y avoir trouvé beaucoup plus que ce sentiment résigné que vous évoquez à demi-mot en décrivant la nature même du politique. Ce sentiment aussi que notre monde est une masse practico-inerte, un monolithe inamovible "tout juste bon à broyer les esprits et les cœurs" - pour reprendre la formule de Simone Weil - et que la seule chose à faire serait de "sauver ce qui peut l'être" tout en sachant que seuls, les individus ne sont capables de rien - incapables y compris de s'entendre, pour justement ne plus êtres seuls et incapables.

Mais si demain nous sommes susceptibles d'élire un homme d'idéaux, si aujourd'hui déjà nous plébiscitons sa venue sur la scène politique... peut-être le temps du cynisme est-il bel et bien révolu ?

Bien à vous.