Invité à s'exprimer sur les 7 péchés capitaux, un écrivain notoire qui est également professeur de collège écrit dans le JD ce matin:
"J'ai pu constater en tant que professeur qu'un adolescent n'est jamais paresseux. Il ne fait pas car il ne comprend pas"
(traduction: les adolescents ne sont pas paresseux . Ils sont juste bêtes)
5 commentaires:
C'est une blague ??
De la part de ce jeune écrivain par ailleurs talentueux, c'est une façon de dire que les ados ne peuvent avoir aucun tort, aucun vice.
Si quelque chose cloche, c'est la faute des profs qui ne savent pas les motiver.
Je suppose que c'est ça qu'il veut dire.
Il a de la chance en tout cas, parce que, après l'adolescence, ceux que j'ai sont parfois paresseux.
Je n'ai pas su deviner qui était cet écrivain, mais j'aimerais bien le savoir.
La question serait de savoir ce que c'est que la paresse dont on parle pour s'entendre : une tentation comme la luxure, un manque d'intérêt, une forme de nihilisme, un manque d'énergie, de la fatigue, une image à entretenir dans un groupe (comme le souligne souvent, à juste titre, A.Finkielkraut), une incapacité à voir au-delà de l'immédiat...?
Je crois avoir, comme vous, perçu, à l'occasion, un peu de tout ça chez les élèves.
Si on veut montrer qu'il est important que le professeur développe des méthodes pédagogiques pour transmettre un savoir, il me semble que ce ne serait pas un bon argument que de supposer que les élèves n'ont aucun tort, aucun vice, qu'ils ne font preuve d'aucune résistance, parce qu'alors le travail pédagogique deviendrait inutile, lui qui précisément est justifié par cette résistance. Le préalable à toute pédagogie me semble être la reconnaissance d'une résistance, qu'on est bien libre d'appeler paresse tant le mot est polysémique.
oui , enfin cet écrivain, disait ça en passant (je ne veux pas polémiquer avec lui!)
Pour moi , aucun doute , la paresse existe. Après on peut débattre de ses causes. Il y a des gens qui sont passionnés par certainec choses et pourtant paresseux. Et d'autres qui sont hyperactifs sans but particulier.
Il y a aussi ceux qui résistent à leur paresse, comme Rousseau.
Quant aux élèves.. le pb c'est surtout l'ennui. Un ennui immense, insondable, que leur inspire les questions qui nous passionnnent.
D'où la torture de se mettre au travail devant la copie : "toute prise de conscience est-elle libératrice?"
"Que gagnons-nous à travailler"...
A quoi bon se prendre la tête, surtout, se demandent mes élèves, paresseux ou pas...
Ce qui me contrarie le plus, en tant que prof, c'est de voir les élèves bailler d'ennui... (pas tous, mais quand même)
Oui, cet ennui est terrible.
Je me souviens m'être beaucoup ennuyé en classe (de la même façon?). Je crois que l'ennui que j'ai connu, et auquel on ne peut tout réduire, était surtout dû à l'impression d'entendre toujours la même chose, et/ou des évidences. On dit toujours que les élèves ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre. Mais il me semble pafois qu'ils comprennent trop bien, et que c'est ce qui les pousse à développer un certain mépris pour ce qu'on leur demande. Olivier Reboul prônait une pédagogie du secret, où les élèves seraient fascinés par ce qu'on ne leur dit pas. Ce serait renouer avec une bien antique pédagogie initiatique. Il me semble qu'il y a là une piste intéressante à creuser.
Ce que je dis là ne vaut certainement pas pour vos élèves, qui en prépa ou en première année de philosophie, ne doivent pas être submergés par l'impression de facilité.
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