jeudi 11 décembre 2008

Droits de l'homme, ou bien droits humains?

Vous trouverez quelques éléments pour comprendre les enjeux de ce débat ici : "Droits humains c'est plus moderne".
Evidemment je suis pour "droits de l'homme" car pour moi homme inclut femme, e tque l'homme c'est l'individu, pas le genre.
Mais j'ai bien peur de ne pas être consultée..

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Au-delà de la nécessité de venir en aide aux êtres humains en général, lorsqu'ils sont sous le joug d'autres êtres humains, la question des droits de l'homme pose problème en tant que question purement philosophique. Elle implique une différence de nature entre l'Homme et le reste de la nature. Elle implique que l'Homme n'est pas nature, qu'il s'y oppose même, qu'il a droit à un traitement auquel le reste de l'immanence n'a pas droit.

D'où que certains réclament un droit des arbres et des animaux. Bien que j'y sois opposé (pour d'autres raisons), l'argument philosophique est tenable.

Devons-nous continuer à manger les restes du festin de l'Humanisme, sachant fort bien que ce festin est terminé depuis un certain temps (philosophiquement) et que ces restes sont froids?

Lhansen-Love a dit…

oui, vous avez raison. Mais je ne crois pas qu'il faille opposer l'homme aux vivants. Ce n'est pas ce que fait Lévi-Strauss, qui tient cependant un peu ce genre de dsicours.

Anonyme a dit…

Effectivement,les droits de l'homme -ou humains!- impliquent un propre de l'homme.
Et même si je ne crois pas non plus qu'il faille opposer l'homme au reste du vivant, je pense qu'il faut tout de même conserver l'idée d'une certaine exception humaine. Le problème c'est en effet que toute notre tradition humaniste considère que cette dernière est métaphysique : en même temps qu'elle trace un abyme infranchissable entre l'homme et "le reste", elle offre au premier des privilèges illimités et légitime une oppression barbare.
Mais toute de même, je rejoindrais elisabeth de fontenay dans sa mise en garde : liquider le propre de l'homme reviendrait en réalité à liquider la responsabilité de l'homme. Car les animaux n'ont évidemment aucune responsabilité, ils ont droit à l'indifférence eux, et leur indifférence est d'ailleurs très belle. (NB: ce qui ne veut évidemment pas dire qu'ils sont exclus de la sphère de la moralité..)

Il me semble donc que nous devrions conserver l'idée d'une exception humaine...Mais surtout, gardons nous bien de la considérer comme un privilège ou une supériorité... elle représente plutôt une charge, un fardeau que l'on ne peut refuser..
Et sans doute gagnerait-on beaucoup à considérer ce propre de l'homme de manière moins métaphysique, moins créationniste en fait, malgré tout ce que l'on peut dire!
Et peut-être, ne devrions-nous même mettre de mots sur cette exception..car dès lors que l'on a défini le propre de l'humain, on pourra toujours exclure des individus de cette définition et donc de l'humanité (on retrouve ici levi-strauss)...bref, c'est très délicat tout ça!

Lhansen-Love a dit…

merci Nicolas, je ne pourai pas mieux dire..
"Il ne faut pas durcir en mots" le concept de l'homme...

Anonyme a dit…

Si l'on vous suit, Nicolas, il faut quand même se débarrasser des Droits de l'Homme tout en conservant la responsabilité. Mais c'est impossible car cette responsabilité, ce "propre de l'homme" comme vous dites, n'est autre que la conscience (faculté de raison, clarté représentative, conscience de par en par comme disait Sartre). Et cette conscience ne peut pas ne pas être conscience morale ("responsabilité", éthique, faculté de distinguer entre le Bien et le Mal). Or nous revoilà dans une philosophie où il y a du Sujet en tant que support d'une Vérité intelligible.

A mon avis, nous ne sortons en rien de la métaphysique, que vous rejetiez pourtant.

Pas facile de se débarrasser de l'Humanisme et de la métaphysique. On ne le peut qu'en se débarrassant du Sujet et de la Vérité. C'est ce qu'ont tenté les philosophes dits postmodernes: Lyotard, Derrida, Deleuze...

R.

Anonyme a dit…

Mais vous avez raison, c'est très délicat de concilier reconnaissance de la continuité entre espèces et idée d'une exception humaine non métaphysique !
Il me semble toutefois que c'est possible, et peut-être avez-vous raison d'ailleurs : il ne faudrait même pas parler de "responsabilité". Sans doute y a-t-il une piste à creuser vers une sorte d'humanisme négatif qui ne mette aucun mot sur le propre de l'homme tout en en reconnaissant un.

Car même si l'on dit que la responsabilité est le propre de l'homme, alors comment considérer les personnes souffrant de handicaps mentaux lourds ? Sont-elles encore des hommes ? Ce sont des questions très glissantes qu'il faut examiner avec la plus grande prudence...

Dans tous les cas il me semble que cette quête du propre de l'homme est stérile, car même lorsque vous parlez de "conscience", cela pose problème. Il y a une application croissante de cette notion au monde animal (au moins certains animaux).
Et on observe même des exemples (pour l'instant uniquement chez les grands singes) d'attitudes que l'on qualifie de "proto-morale"...
Je crois que les découvertes récentes de l'éthologie vont considérablement bouleverser et remettre en question l'humanisme sous sa forme actuelle.

En fait, le problème ne fait que commencer..

PS : je n'ai évidemment jamais dit qu'il fallait liquider les droits de l'homme!

Anonyme a dit…

Mais même, admettons que l'on adhère à ce propre de l'homme métaphysique.
On voit mal le lien entre cette faculté de l'homme (conscience ou conscience morale comme vous dites) et légitimation d'un asservissement sans limite du vivant. A moins, évidemment, que l'on ne se réclame de la Genèse qui dit que l'humanité a été créée pour régner sur la Terre et ses habitants non humains.

Si vous voulez, ne remettons donc pas en cause tout l'édifice de l'humanisme métaphysique. On peut tout de même interroger notre traitement actuel de la vie extra-humaine. En quoi l'abysse métaphysique bâti entre l'homme et le reste fonde-t-il l'oppression des vivants ? Est-ce que la faculté de discerner le bien du mal nous "autorise"à disposer d'eux ainsi ?

Enfin, vous avez écrit plus haut "d'où que certains réclament un droit des arbres et des animaux. Bien que j'y sois opposé (pour d'autres raisons)" : pourriez-vous développer ces raisons ?

Anonyme a dit…

@Nicolas:
Je suis très d'accord avec votre formulation: "humanisme négatif qui ne mette aucun mot sur le propre de l'homme tout en en reconnaissant un".

Je ne suis pas en faveur du droit des animaux ou des arbres parce que c'est la première chose qu'ont tenté de faire les Nazis, en cohérence avec leur philosophie totalement immanentiste inspirée (à tort) de Nietzsche. Il est certain que dès qu'il n'y a plus que de la matière, celle-ci doit se gérer de façon optimale, avec toutes les terribles conséquences que cela implique.

R

Anonyme a dit…

Pour signaler que les nazis n'ont jamais défendu les droits des animaux! A aucun moment les abattoirs ont fermé à cette époque, ni les laboratoires de vivisection et la chasse n'a jamais été interdite.
Hitler a été vaguement végétarien (c'est à dire pas strictement, il mangeait occasionnellement de la viande) pour des raisons de santé suite aux conseils de son médecin et nullement pour défendre les animaux...
Il serait bon d'utiliser des vrais arguments et pas agiter les "nazis" dès qu'on n'a plus rien à dire. Les nazis ont construit des autoroutes, alors notre société qui utilise des autoroutes est nazi??? C'est cela votre raisonnement???
Toute la science moderne démontre que l'humain n'est qu'un animal parmi d'autre. C'est assez incroyable que la philosophie puisse de nos jours encore nier ces évidences. On peut se poser d'ailleurs des questions sur cette philosophie qui s'oppose à la réalité. Est-ce une nouvelle religion?
Rien n'empêche de défendre les droits des humains et ceux des animaux, de nombreuses personnes le font. Un être conscient ne devrait pas être tourmenté qu'il soit humain ou animal, quel qu'en soit sa couleur de peau, son langage ou la forme de son corps, chaque fois que ceci est possible.