vendredi 5 décembre 2008

jalucine! (L'orthographe en crise à l'école)


Lu dans le supplément du Monde aujourd'hui ( 2E 50 pour lire des inepties pareilles !) que selon André Chervel, prof de grammaire, docteur ès lettres , il serait souhaitable de réformer l'orthographe afin de faciliter l'accès aux études supérieures aux enfants de famille défavorisées. Car l'orthographe, tout comme la culture générale, est discriminante.
Il propose donc de supprimer les lettres inutiles, (h, lettres doubles, y..) de remplacer par exemple "philosophie" par "filosofie" et "hypothèse" par "ipotese" etc..


Vous voyez un peu d'ici le micmac pour les élèves qui ne verrons plus la différence entre extrinsèque et extrasec , entre le moral et la morale, mal et mâle,entre éthique et étique, entre filosofie et filiforme ou fil de fer etc...

Comment expliquer le sens des mots en se privant de la ressource de l'étymologie?

Technique vient de technê qui signifie "art" aussi. Allez expliquer cela quand on écrira "tecne" ?

De toute façon c'est totalement aberrant.

Le problème aujourd'hui de l'orthographe n'est pas celui des lettres inutiles. C'est un problème de logique!

Les élèves ignorent le plus souvent la grammaire - allez savoir pourquoi- et donc ils ne comprennent pas la raison des accords. Pour ce qui concerne le lexique, un ordinateur corrige. Mais cela n'empêche pas les étudiants aujourd'hui de confondre "est" et es, ai ou ait, l'infinitif l'impératif et le participe passé ("aidé moi" ! c'est ce que l'on me demande tous les jours sur mon blog de terminale.. je reçois constamment des messages du type suivant:"je suit en terminal . Jes une dissert a randre. Je ne ces pa fer un plan. svp envoyer moi des consails")

14 commentaires:

Anonyme a dit…

HEIN???!
Je vous plussoie totalement !
Qui est-il pour suggérer cela?
La laaaaangue ! Le françaaaais ! Une vision du monde et un moyen de communication qui s'est enrichi et perfectionné depuis des siècles...
Mais bien sûr, allons-y gaiement, "réformons" l'ortographe...
Comment peut-on même suggérer une telle abération?
Si on commence comme ça, bientôt les mathématiques deviendront trop compliquées pour les "non-matheux" donc on va en rester aux additions...

Anonyme a dit…

On est vraiment sur un blog de prof, là: "les élèves ignorent le plus souvent la grammaire - allez savoir pourquoi". Naïvement, je me disais que l'école ne faisait plus son boulot. Mais ce doit être de ma faute de parent.
Ghislaine.

Anonyme a dit…

D'où vient cet illettrisme galopant? Je ne cesse de m'interroger. Les programmes? On ne cesse d'accuser les programmes post-68 mais ceux d'avant étaient-ils tellement mieux, sachant que les conditions de travail étaient sans doute bien différentes (moins d'élèves par classe, autres repères sociaux etc). Les profs? Moins de prestige social, moins de rémunération, moins de prise sur leurs ouailles sauvages... Difficile de les blâmer. Les parents? Mais ce serait accuser la société entière! Qu'est-ce qui a fait que la société serait devenue ce qu'elle est (des parents même plus démissionnaires mais littéralement inconscients: témoin ce petit enfant obèse parce que la maman mixait du MacDo pour le nourrir...)? Faut-il accuser Mai? Ou faut-il remonter plus loin?

R.

Lhansen-Love a dit…

oui, il faut liquider tiutes les matières discriminantes:
latin et grec
allemand
philosophie..

Lhansen-Love a dit…

Evidemment, un blog de prof!
Mais je suis d'accord avec vous: l'école ne fait pas son boulot. la question est : pourquoi l'école ne fait-elle plus son boulot..

Lhansen-Love a dit…

D'où vient l'illétrisme? C'est une conjonction de phénomènes, je crois. La perte d'autorité du monde enseignant, les efforts aussi pour se mettre au niveau des élèves (comme le prof d'Entre les murs..)

Anonyme a dit…

Je suis en Hypokhâgne A/L, je me force à améliorer ma pratique du Latin et du Grec Ancien, comme je me suis forcé à parler et à écrire le Français correctement. Tout ce savoir n'est pas "inné", il ne résulte pas de mon milieu socioculturel : il est né de mon travail personnel et d'une certaine disposition de mon esprit à fuir la médiocrité comme la peste. Et je suis sidéré par ce singe hurleur qui empeste dans le Monde 2. Ainsi ceux qui savent parler, lire, écrire seront bientôt traités comme une espèce d'élite de privilégiés. Aussi propose-t-il d'abolir ce qu'il croit désormais être un privilège : la maîtrise de la langue française ! C'est tellement révoltant ... J'ai surtout très peur pour la littérature dont cet homme propose de faire un autodafé.

Il n'est pas supportable de sacrifier notre patrimoine sous prétexte qu'une MAJORITÉ d'ignares préfère se vautrer devant l'ordinateur ou le téléviseur.

"Odi profanum vulgus et arceo", disait Horace, aujourd'hui, c'est le contraire.

Anonyme a dit…

Un petit peu certainement Ghislaine !
le problème c'est que les parents ne comprennent plus que l'éducation première, primaire c'est à eux de la donner et que les profs ne sont là que pour instruire et seulement instruire nos enfants.
Et ce n'est pas ce qui se passe dans les faits... d'où malaise général -
l'école n'est pas une garderie pour enfants mais un luxe aujourd'hui qui n'est plus respecté de personne -

Anonyme a dit…

@ Hansen-Love:

Alors là, je suis vraiment d'accord avec vous! Ce film, "Entre les murs", est un exemple de ce qu'il ne faudrait pas faire. Je suis prof aussi, quoique dans le supérieur, et je remarque une chose: les étudiants veulent qu'on leur donne des repères, ils sont en demande de jalons, de maîtres qui puissent leur apprendre quelque chose. Même ceux qui font les durs (en faisant les durs, ils testent votre force).

Alors on me dira que dans le supérieur ce n'est pas pareil. Désolé: en première année, rares sont ceux qui sont capables d'écrire une ligne sans faire trois fautes (d'orthographe, de syntaxe ou de grammaire). Et ceux qui en sont capables sont les 10% de "top guns" que vous retrouverez partout, en toutes circonstances. Ceux qui s'en sortiront en quelque filière que ce soit, ou presque, parce qu'ils savent ce que c'est que de mouiller sa chemise.

"Entre les murs" est un film qui plaira au téléramiste convaincu, france-culturiste à ses heures. Une caricature de la gauche telle que je la rêve et que je ne vois nulle part.

Et puis tous ces profs qui ne sont de gauche que pour maintenir leur niveau de médiocrité salariale et intellectuelle. Il faut se retenir de voter à droite, je vous le dis. Mais combien de temps?!

R.
R.

Lhansen-Love a dit…

ah Ray! Vous êtes prof dans le supérieur!
Alors je compte sur vous pour corriger mes fautes d'orthographe...

Lhansen-Love a dit…

"une majorité d'ignares", J.B.: vous y allez un peu fort!

Anonyme a dit…

@LHansen-Love
Ben, vous avouerez qu'il y a contradiction à se plaindre du niveau de francé des élaives en faisant des fotes. Mais sétait pas méchan.
R.

Anonyme a dit…

@ J-B:
Horace a aussi écrit que le beau était pour le petit nombre. Mais je ne suis pas complètement en désaccord avec vous. La question n'est pas je crois de sacrifier notre patrimoine, comme vous dites, mais de prendre acte du fait que peu de gens en ont quelque chose à foutre, dans le monde où nous allons. Qu'il faut donc donner à ces gens ce qu'ils veulent, pourvu que ce ne soient pas eux qui soient aux commandes. C'est affreux à dire, je sais.

Mais faites l'expérience de proposer gratuitement tous les CD de musique dite classique d'une grande surface: vous verrez que les gens ne les prendront pas, ou alors pour les revendre! La culture nécessite un effort personnel, que vous donnez, mais que peu sont prêts à fournir parce que l'effort n'est pas naturel à l'homme - ni à la femme (parité, quand tu nous tiens!). Pour que l'effort de culture soit une donnée acquise dans une société, il faut des conditions historiques qui ne sont pas les nôtres.

Je vous donne un exemple tiré de Castoriadis, assez parlant je crois: lorsque les grandes constructions grecques furent détruites par les guerres, on utilisa les pierres des ruines pour reconstruire autre chose. Imaginez que l'on détruise demain Notre-Dame: je vous parie ce que vous voulez que l'état tentera de reconstruire à l'identique avec les ruines. Moralité: nous avons perdu notre élan créateur et sommes en attente d'un nouveau cycle. Dans une sorte d'interrègne, comme le dit joliment L. Becdelièvre dans son récent "Nietzsche et Mallarmé".

Le problème de la majorité se pose en ces termes, à mon sens, et nécessite de se poser la question de l'élite à nouveau. Lorsque vous vous plaignez de la dictature de la majorité, vous reposez la question de l'élite, quoique d'un autre côté vous la rejetiez.

Je ne dis pas que j'ai la solution, ni que je sois d'accord avec le "singe hurlant". Je m'interroge.

Bien à vous,
R.

Anonyme a dit…

Madame Hansen-Love, je vous l'assure, la situation est catastrophique ; en évoquant une "majorité d'ignares", je ne m'amuse pas à faire une hyperbole.

Demain, faites l'expérience suivante avec vos HK : vous leur demanderez d'abord qui a fait la "JAPD" (Journée d'Appel Pour la Défense). En principe tous devraient l'avoir faite en Terminale. Puis demandez leur de se livrer à une petite analyse sociale de l'échantillon représentatif de la catégorie des 16/17 ans en France.

Pour ma part elle est claire : mon voisin de droite ne savait pas écrire correctement le nom de la ville, d'autres ont été convoqués parce qu'il ne connaissaient pas l'existence de certains mots de la langue française, ou ne savaient pas orthographier "marcher". Je rappelle que mon voisin de droite, quant à lui, n'a pas été convoqué. C'est dire le niveau de ceux qui se sont retrouvés avec l'homme en uniforme ! Pour le reste de la journée, j'ai pu mesuré la bêtasserie des filles et des garçons. Sur 30 à 40 jeunes gens, de 16/17 ans, 5 ou 6 semblaient "sains".

Evidemment, jusque-là, je croyais que les jeunes de mon âge, au pire, étaient au lycée technique.

Bref, n'oubliez pas de demander à vos HK ce qu'ils ont pensé de cette JAPD !


POUR M. R., professeur dans le supérieur.
Dixit : "en première année", inquit, "rares sont ceux qui sont capables d'écrire une ligne sans faire trois fautes (d'orthographe, de syntaxe ou de grammaire)".

J'ose parier que vous parlez des scientifiques.