lundi 16 février 2009

Un César pour la meilleure comédie, suite


Je cherche le papier de Pascal Thomas paru dans le Figaro, et je ne le trouve pas.
Mais j'ai trouvé ceci sur le blog de Thomas Sotinel.
Qu'est-ce qu'une comédie?

Et

Qu'est-ce qu'un bon film?

Si un film (une comédie ? ) nous fait rire, est-ce pour autant un bon film? Il faut préalablement s'être prononcé sur le sujet: "qu'est-ce qu'un bon film?" Voir les réponses de Laurent Jullier ici

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Mais il en va des films comme des livres: depuis qu'il n'y a plus de point de vue indiscutable sur la qualité des oeuvres d'art, depuis qu'est artiste quiconque persuade les autres qu'il l'est, il ne reste que des familles d'artistes s'excluant les unes les autres. Ainsi on ne peut pas aimer à la fois Tarkowski, Bergman, Godard, Hitchcock, Welles, Bresson, Bilge Ceylon, Jacques Audiard... et Boon ou Besson... Ou alors, si on le peut, c'est dans l'inconscience totale de ce qui est en jeu, comme qui aimerait à la fois Paul-Loup Sulitzer et Dante.

Mais il y a un tiroir à cette réflexion: pourquoi mettre tous les films et tous les livres sur le même plan? Ne suffit-il pas de dire que Hitchcock ou Rivette, c'est du grand art, même dans la comédie, et Boon ou Besson, c'est du divertissement, voire du bizness.

Du coup on ne va pas voir leurs films dans le même état d'esprit. Si on est très fatiqué ou si on a envie de prendre le pouls du monde, on s'amusera peut-être un instant des Ch'tis ou de Taxi (mais très fatigué alors). Et il faut que le bizness fasse son beurre pour que la France, qui reste porteuse de noblesse en politique à mon avis (malgré tout) ne tombe pas en des mains qui lui feraient faire le tapin.

R.

Lhansen-Love a dit…

oui, je ne suis pas d'accord.
Je pense que la question "Qu'est-ce qu'un bon film?" reste pertinente.
Par exemple Hitchcock, par exemple Jacques Audiard des divertissements et de bons films! (le prochain Audiard, le Prophète, ira sûrement à Cannes)
Tati , Chaplin, c'est génial et pourtant c'est de la comédie.
Pour moi,les films de Rohmer, ce sont des comédies.
Bref, on ne peut pas dire:
il y a les films de divertissement, d'une part; les chef d'oeuvre de l'autre.
Ce n'est évidemment pas si simple!

PS : Il y a des gens qui aime Dante ET Anne Gavalda

Anonyme a dit…

Non, je suis aussi pleinement en désaccord avec vous. Je n'ai jamais dit que les oeuvres ne pouvaient pas être divertissantes. Molière est divertissant. Audiard et Hitch aussi. Mais il y a un fossé, que dis-je, un abîme, entre un film d'Audiard et un film de Luc Besson, qui n'est QUE divertissant - et encore, pour ceux qui trouvent Taxi divertissant.

Ensuite, dire que par exemple Rivette ou Godard ne sont pas divertissants serait un parti pris. Ils ne le sont pas moins que Audiard et Hitch, sauf qu'ils sont moins lisibles par le plus grand nombre. (Un film ne fait pas que se regarder passivement: sa syntaxe et sa grammaire cinématographiques sont à lire). Toute oeuvre d'art, même les plus "sérieuses" font appel aux sens (aisthanestai, esthétique: les sens, le sentir): en quoi elles nous "divertissent" - en fait je n'aime guère ce mot dont Pascal a fait une utilisation définitivement convaincante - disons qu'elles nous procurent de la joie. Joie des sons, des images et du sens chez Mallarmé, le poète "illisible", du montage chez Godard, le cinéaste "élitiste", "prise de tête", des spirales sonores chez Bach et les Baroques, ces musiciens si peu "rock-attitude".

La lisibilité d'une oeuvre, de cinéma ou non, c'est l'opium du plus grand nombre, dont vous critiquez bien la dictature par ailleurs.

Donc pour moi il y a bien les films de divertissement d'une part, et les films de joie d'autre part. Les uns jouent sur ce qu'il y a de commun et de grégaire dans la perception, ils basent même leur succès sur l'exploitation subtile ou grossière - en général grossière - des stéréotypes et des lieux communs; les autres organisent la perception stratégiquement et donnent à voir nouvellement, proposent de nouvelles manières de narrer. Comme c'est nouveau, c'est souvent, mais pas obligatoirement, moins lisible que le reste. Cela suffit à la masse pour vouer ces films aux gémonies.

Bonne journée,

R

Lhansen-Love a dit…

c'est qui Hitch?
je maintiens que l'on ne peut pas classer les films en deux groupes, et il me semble d'ailleurs que votre argumentaion va elle aussi dans ce sens. Pour moi, il n'y a rien de plus divertissant qu'un film de Rohmer, Renoir ou Satyajit Ray et les films comme "Taxi" ou autres me semblent le comble de l'ennui. Le divertissment est donc très subjectif...
En revanche la valeur esthétique d'un film peut être raisonnablement appréciée et discutée.

Anonyme a dit…

Hitch'? Alfred Hitch'. Qui d'autre? Ah non, pas Will Smith, non, désolé...

Tout dépend si on entend par divertissement quelque chose de positif ou de négatif. Pour moi c'est synonyme de joies tristes, petits plaisirs dictés par la marchandise, aliénation imposée au cerveau droit par injections publicitaires, colonisation du système nerveux par ingérence excessive de discours rapporté, servitude volontaire et addiction à la Déesse Image. Au final: illettrés et misomuses comme dit Kundera.

Sinon oui, de la valeur esthétique des films ou des livres on peut discuter, car elle ne relève pas de la réception passive. Mais quelle instance tranchera entre ceux qui trouvent que Christine Angot est une merveille littéraire (nos lettrés de France Culture) et ceux qui préféreraient, disons, Philippe Beck ("c ki sa?") Ou entre ceux qui portent aux nues M. Cantet (je crois, j'ai oublié son prénom) qui nous a fait récemment une palme d'or indigente, et Nuri Bilge Ceylon (pardon si j'écorche le nom de ce cinéaste turc de très grande venue: Uzac, Les Climats, etc)?

Plus personne pour trancher, en dehors des médias. J'en reviens à mon idée de départ: est artiste quiconque persuade les autres (surtout les médias) qu'il l'est. Ne nous restent, à nous autres lecteurs secrets et non regardeurs conviviaux, que des familles artistiques auxquelles nous rattacher.

R

PS: un p'tit carpaccio de boeuf ce soir?
;D