dimanche 20 septembre 2009

Faut-il supprimer le système des clases préparatoires?

Comme le préconise Marie Duru-Bellat (voir post ci-dessous)
D'après vous:
1) Est-ce une bonne idée, une idée juste?
2) A ce titre (en tant qu'idée juste) est-ce une idée "de gauche"?

4 commentaires:

Mathilde a dit…

Le problème c'est que l'accès à l'article est réservé aux abonnés (pour faire plaisir à Finkielkraut ?).
Mais, de toute façon, égalité et égalitarisme ne sont pas la même chose. Dans une société juste (donc "de gauche"...), les individus s'épanouissent dans ce qu'ils aiment... Il faudrait peut-être plutôt revaloriser la fac, dans ses spécificités par rapport aux prépas et grandes écoles (autres que "c'est moins bien").

florian a dit…

(part. 1)
Qu'est-ce qui est juste ?
Est-ce juste de ne pas laisser l'occasion à ceux qui veulent être excellement ce qu'ils sont de le devenir ?
Dans notre monde certains naissent avec la possibilité d'être facilement excellents et d'autres moins ou pas, d'autres encore ignorent tout simplement qu'on peut être excellent, être excellement soi.
Les classes préparatoires (je ne parle que de celles que je connais à savoir les littéraires) me semblent être des instruments justes. Elles permettent de préparer des concours dans les meilleures conditions, les élèves sont pris en charge par les lycées ; les foyers spécialisés et les internats accueillent les étudiants et offrent un service, une quiétude, une sérénité qu'on ne peut trouver dans aucune faculté, dans aucune résidence universitaire à moins d'être très argenté. Donc, elles sont un véritable outil au service de l'égalité, elles permettent d'accéder à l'excellence qu'on soit d'ici ou de là et ce, sur le seul critère du travail, du sérieux, de l'engagement dans les études et bien entendu du goût des dissertations bien faites.
J'idéalise, peut-être. Mais une première année à l'université permet-elle de trouver cet encadrement, et surtout j'insiste, cette quiétude ? A l'université (je ne veux pas généraliser) c'est encore, en première et en deuxième année, l'empire de la médiocrité auquel s'ajoute la désolation administrative, le labyrinthe pédagogique et le désert de l'anonymat. Les étudiants qui s'en sortent, ceux qui n'ont pas la chance d'habiter dans les grandes villes universitaires, sont obligés de se livrer à un parcourt du combattant insensé. Ou bien il faut ruser avec les facs, les connaître, connaître des profs, avoir des tuyaux, etc. donc faire parti d'un réseau. Pour ceux qui n'ont pas de réseaux c'est la jungle. Voilà l'inégalité et l'injustice. Trouver un appartement ou une chambre dans un endroit calme, pas trop loin de sa fac, coûte une fortune, voilà l'injustice.
Injustices qui n'existent pas en prépa.
On y rentre sans réseau, une fois entrés tous bénéficient des mêmes services, sont préparés de la même façon aux concours, concours que l'on décroche avec nos seules forces, sans réseau, sans appuis. Voilà où est ce qui est juste.
Qu'est-ce qui renforce la force des forts et affaiblit les faibles ? Les écoles privées, les jungles universitaires, les labyrinthes des examens, les réseaux qu'ils faut déployer pour s'inscrire ici et non là, pour faire un TD avec celui-là et pas celui-ci, travailler avec cet autre qui est bien vu et éviter celui-là qui est grillé. C'est redoutable, et ils sont légions les étudiants à renoncer, à partir vers des BTS pour y trouver (retrouver) une forme d'égalité et d'encadrement républicain avec emploi du temps, profs, salles de classes, conseils de classe, etc. Moins l'université a de moyens, plus elle accueille d'étudiants, plus elle est une jungle, donc injuste.

florian a dit…

(part.2)
On dira que ce sont les fils de bourgeois qui accèdent aux prépas puis aux grandes écoles. C'est hélas de plus en plus vrai, mais cela ne l'a pas toujours été (Brighelli a écrit un joli papier sur le sujet). Mais elles restent, à mon sens, et je le vérifie tous les ans par les quelques élèves auxquels je propose de tenter l'aventure, un formidable instrument de justice scolaire et sociale.
Mon lycée est tout ce qu'il y a de moyen et de provincial, élèves massivement avachis, authentique tyrannie de la médiocrité, toute petite classe moyenne rurale. Niveau zéro de la stimulation intellectuelle et de la curiosité. Le quolibet à la mode est « intello suceur » (je me permets car j'ai entendu Fincky dénoncer l'expression) donc les bons élèves, pour s'en sortir, se blindent dans une attitude de mépris bourgeois (si leur famille leur en donne les forces) ou se font invisibles, ou... lâchent tout parce que c'est dur (trop dur) d'être sans ami. A chaque fois que je reprends contact avec des élèves qui font une hypokhâgne, la première frayeur passée, la réaction unanime est la suivante : « enfin je peux être moi parce qu'ils sont tous comme moi ici ! ».
Pour ces raisons, je dis parce que le lycée est injuste et parce que l'université est injuste, les prépas en tant qu'elles permettent l'épanouissement de tous ceux qui veulent s'épanouir en étudiant, de tous ceux qui ont fait l'effort de le mériter (sont-ce deux gros mots qu'effort et mérite ?), sont justes. Et parce qu'elles sont justes elles sont de gauche.
Transformer l'éducation nationale en jungle voilà qui est injuste et voilà qui est de droite.
PS : (Bel échange entre Onfray et Fincky chez Giesbert l'autre soir à propos de leurs derniers livres respectifs).

Lhansen-Love a dit…

dommage, j'ai raté Onfray/Finky. Vous auriez dû me prévenir.
Pour les classes prépas, évidemment c'est le salut pour ceux qui ont le courage, la volonté, l'obstination.
C'est plus facile pour les fils de classes aisées, mais c'est la voie royale pour les autres.