dimanche 16 décembre 2007

bling-bling (plus, plus..)


Pourquoi à Disneyland?

(Sarkozy et Carla Bruni à Disneyland)http://www.20minutes.fr/article/201478/People-Photos-de-Sarkozy-et-Carla-Bruni-pas-de-commentaire-de-l-Elysee.php

19 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous avez écrit quelque part que la Chine est un pays totalitaire et qu'elle est ultra-capitaliste. N'est-ce pas de la caricature ? N'est-ce pas la thèse des conservateurs américains, farouchement anti-communistes et à l'origine de la construction d'une image de la Chine ennemie et menace du monde ? N'est-ce pas là la thèse du péril jaune ? Un élément de réponse se trouve dans le livre de Stéphanie Balme "idées réçues" www.ideesrecues.net

Anonyme a dit…

Je croyais qu'elle était mariée avec Raphael Enthoven. Un coup dur pour le philosophe. Toujours l'éternel problème de relations entre le prince et le philosophe.

Lhansen-Love a dit…

Pour "totalitaire", je veux bien le retirer, car ce n'est pas facile à démontrer (encore que: un pouvoir qui recycle les organes des condamnés à mort piétine les droits de l'homme et rappelle d'utres systèmes du même ordre...).
Pour "communiste": c'est ainsi qu'ils se désignent.
Pour "ultra capitaliste": avez-vous déjà vu des reportages sur les ouvriers chinois, leurs cadences,leurs salaires, leur logements parfois?..
Quant à ce que pensent les conservateurs américains, qui s'en soucie?

Lhansen-Love a dit…

Non, rassurez-vous, c'est le philosophe qui l'a quittée-paraît-il...

Lhansen-Love a dit…

La Chine : je n'ai pas trouvé sur le Net l'article "Chine" sur le site "Idées reçues".
Ma référence, pour ce qui me concerne, était: Revue Economica, Totalitarismes, Les ressorts du totalitarisme : "La Chine populaire ou les aléas du totalitarisme" par Jean-Luc Domenach

Anonyme a dit…

Bonjour,

N'étant pas aussi érudit que vous en philosophie, je me permets de faire quelques humbles remarques en tant qu'asiatique :

1°) La collection Idées Reçues cherche à comprendre la raison d’être des idées reçues, à déceler la part de vérité souvent cachée derrière leur formulation dogmatique, à les tenir à distance respectable pour offrir, sur chacun des sujets traités, une synthèse nuancée et originale des connaissances actuelles. Sur cette page, il est présenté de nombreux livres sur les idées reçues : http://www.lecavalierbleu.com/collectionsIR.html

Pour la Chine, l'auteur est Stéphanie Balme : http://www.lecavalierbleu.com/idees_recues/chine.html

Pour la France, c'est Nelly Mauchamp : http://www.lecavalierbleu.com/idees_recues/francais.html . On y apprend que la fameuse phrase «Les ancêtres des Français sont les Gaulois» est une idée reçue.

Je cite Madame Balme : "L'idée répandue selon laquelle la Chine est restée une société totalitaire voire fascite est généralement véhiculée par d'anciens militant pro-Mao, convertis à la démocratie par les écrits de Simon Leys dénonçant la terreur policière des campagnes de masse du Grand Timonier, et décus de l'issue capitaliste de la Revolution. Exprimée avec le même dogmatisme que les éloges passés, tant sur le plan des méthodes que des idées, cette forme d'autocritique permanente est, paradoxalement, la même que celle des courants conservateurs de la droite américaine, farouchement anticommuniste et à l'origine de la construction d'une image de la Chine ennemie et menace du monde".

Je trouve très pertinent ce que dit madame Balme, car je trouve que ce sont les anciens maoïstes qui critiquent le plus la Chine, et de manière totalement dogmatique. Comme par hasard, les critiques les plus virulentes contre la Chine viennent de journaux pro-Mao comme Libération.

2°) Ce que dit Mme Balme s'applique également à M.Domenach. C'est un ancien sympathisant fort de Mao, et aujourd'hui c'est lui qui critique le plus la Chine. Je n'ai lu aucun livre de M.Domenach, mais l'entretien qu'il a fait au figaro ( http://www.lefigaro.fr/litteraire/20070405.FIG000000213_chinel_avenir_a_marche_forcee.html ) me fait penser à un imposteur. M.Domenach représente en sinologie ce que BHL prétend être en philosophie, ce que M.Meirieu est en science de l'éducation. Je suis étonné qu'il existe tant de faux spécialistes qui ont le monopole de la parole dans les journaux français. M.Domenach a certes étudié le chinois, mais "parler une langue" ne signifie pas nécessairement "comprendre cette langue". Par exemple, beaucoup de Français apprennent l'anglais à l'école, mais cela ne signifie pas qu'ils soient de culture anglaise. Quand un français se présente à un anglais dans la langue de Shespeare, il dit : "Hello, I am Mr.Dupond". Un anglais aurait interprété cette phrase comme une marque prétentieuse. En anglais quand on parle de soi, on ne dit pas "je suis monsieur Dupont ", mais plutôt "je suis Bernard Dupont ".

Il me semble qu'un spécialiste travaille de manière quasi scientifique, il avance ses hypothèses d'après les faits matériels. Il y a des spécialistes pour certains sujets (économie chinoise, histoire chinoise, science, etc.), mais être spécialiste de la France ou de la Chine comme le réclame M.Domenach n'a aucun sens. M.Domenach nous parle de tous les sujets sur la Chine : économie, mentalité, éducation, etc. Le hic, c'est que l'entretien de M.Domenach pour le Figaro est un ramassis d'opinions que certains appellent "sinologie" ! Pour décrire la réalité, les spécialistes possèdent un langage précis. Ici M.Domenach utilise un langage qui ne relève ni de la sociologie, ni d'aucune science humaine. Son langage est clairement politique et médiatique, ressassé jusqu’à plus soif par des politiciens de toute borne. Dans cet entretien, le sinologue est singulièrement absent ! Seul y parle l'idéologue ! Les expressions suivantes le prouvent : capitalisme "pourri", consommer frénétique, individualisme exacerbé, industrialisation sauvage, etc. Ce sont des expressions qui n'ont aucun sens, car elles ne se rattachent à aucun concept. Si M.Domenach veut exprimer ses opinions, qu'il le fasse en tant qu'écrivain, mais pas en tant que sinologue. Un écrivain peut exprimer des opinions, pas un spécialiste. Et si un spécialiste exprime des opinions, c'est qu'il y a des postures politiques et idéologiques.

3°) Le trafic d’organe est un sujet suffisamment dramatique pour que l'on ne l’exploite pas pour son confort idéologique. D'une manière générale, dans tous les pays qui souffrent de l’absence de réglementation stricte, se développent des réseaux de trafic d'organes. La Chine n’est pas le seul pays concerné, on peut citer les États-Unis, l'Inde, etc. En Chine la demande d’organes est énorme. Il y a 2 millions de patients chinois en attente et seulement 20.000 transplantations par an (1%). La pression est donc très forte, alors qu’aucune règle n’était imposée jusqu’ici. Des centaines de cliniques ou de petits hôpitaux peu qualifiés se sont lancés dans ce business. De nombreux étrangers riches (européens, japonais et américains) viennent faire leur course. Consciente de ce problème, la Chine a mis récemment en place une réglementation sans précédent : toute transplantation d’organe serait obligatoirement soumise à l’approbation d’un comité de science médicale et d’éthique. À tous les niveaux, les instituts médicaux et les hôpitaux devraient faire de même.

Les problèmes que la Chine rencontre existent dans tous les pays. Il faut les dénoncer et créer des réglementations qui prennent en compte l’éthique. Dans une démocratie comme la France, il n’y a des choses pas très nettes : des prêtres pédophiles; des mères qui accouchent des bébés et qui les tuent; des avocats véreux; des douaniers qui détournent de la marchandise; des problèmes dans les hôpitaux ; etc. Il n’y a pas à défendre outrancièrement les brebis galeuses, comme il n’y a pas à bâtir de généralités sur ces malheureux exemples. Il n’y a pas matière là à remettre en cause l’État.

Faut pas voir du totalitarisme ou du fascisme partout. Cette généralisation à la mode ne fait que galvauder la résistance aux pires crimes contre l'humanité.

4°) Il me semble que le débat sur la démocratie est biaisié et idéologique, il y a trop souvent confusion entre deux notions essentielles : république et démocratie. M.Jean-Paul Brighelli a écrit ceci :


"« Bref, conclut-il, il va falloir choisir entre plus de république ou plus de démocratie. »

Le problème est particulièrement bien posé — au sens pur du mot problème : les deux solutions s’excluent l’une l’autre.
Si je glose un instant sur les deux termes de la problématique — démocratie ou république —, je vois d’un côté la prédominance de l’individu, qui risque d’être la « prédominance du crétin », comme disaient Fruttero et Lucentini, mais qui offre à chacun la chance, et le risque, d’aller au bout de sa liberté — quitte à sombrer, tous ensemble, dans un cloaque d’avis contraires, de velléités intempestives, de communautarismes émiettés, et, à terme, de tentations hégémoniques ; et de l’autre, un modèle limité dans ses ambitions, mais certainement efficace — au moins pour ceux qui ont l’opportunité d’user de la méritocratie républicaine au mieux de leurs capacités et de leurs intérêts.
Contrairement à ce que l’on peut penser quand on est demi-habile, il n’y a pas de compatibilité possible. La République a mis longtemps à émerger, du magma de quatre révolutions, de 1789 à 1871. Quand Ferry (Jules !) donne aux hussards noirs la mission de contrecarrer l’enseignement doctrinal de l’Église, la « Gueuse », comme disaient les royalistes, n’est pas bien certaine de survivre. Elle a eu besoin de l’affaire Dreyfus pour être sûre de son bon droit. La loi de 1905 précède à peine la réhabilitation du capitaine.
C’est dire que la République, forgée dans l’adversité, survivante de deux guerres mondiales, a le cuir et les manières rudes. Elle trie volontiers. Elle fait peu de cadeaux. Mais elle a mis en place un ascenseur social qui a longtemps fonctionné — à son bénéfice, et aux bénéfices des élites telles qu'elle les définissait.
Quant à la démocratie… Autant de démocraties que de peuples. La démocratie athénienne, c’est l’affaire des hommes libres — ni les femmes, ni les esclaves. Pas 10% de la population de l’Attique. La démocratie à l’américaine, c’est la liberté assurée, assumée, assénée, des trusts qui se partagent la Maison-Blanche, par candidats interposés. La démocratie à la française, c'est de plus en plus l'affaire de groupes de pression, de factions, de sectes.
La République n’est pas la démocratie. La démocratie me paraît être une utopie — comme l’anarchisme. Un point de fuite de l’Idée, quand on regarde un horizon qui recule sans cesse. Et, au pire, la démocratie est un prétexte.
La République, elle, est inscrite dans le réel. Elle travaille dans le pragmatisme.
Une pédagogie démocratique travaille sur l’impossible rêve — et peut-être faut-il des utopies, comme ligne de fuite— ce qui l’amène souvent, par définition, à haïr tout savoir déjà inscrit. Une pédagogie républicaine travaille à former effectivement les citoyens d’aujourd’hui, avec les savoirs d’aujourd’hui et de toujours. Le conflit entre les Pédagogues et leurs adversaires, entre Éducation et Instruction, est là tout entier.
Car ce que je dis de l’école est vrai du pays dans son ensemble, et des partis politiques qui prétendent le diriger. Les républicains ne s’embarrassent guère d’idéologie — la République est née de pragmatismes croisés. Les démocrates, ou prétendus tels, vivent dans la contrainte idéologique qui les corsète.
D’où il ressort que les appels actuels à la démocratie, au respect des différences, aux cultures « autres », etc. ont pour effet (ou pour fonction ?) de miner la République.
Parce qu’en définitive, c’est du côté de la république que, paradoxalement, s’élaborent les vrais espaces de liberté — même s’il s’agit d’une liberté bornée par l’idée républicaine. Et du côté des démocrates, ces ambitieux de la liberté totale, particularismes et totalitarismes se combinent pour mettre à mal la république — et la liberté.
Aucun paradoxe dans mon propos. On le voit bien aujourd’hui avec la doctrine (je ne vois pas d’autre mot) de l’égalité des chances. Si elle est simple rééquilibrage des moyens, à la bonne heure. Mais quand elle se mue en croyance, quand elle devient égalitarisme, c’est une machine à fabriquer des inégalités. Au bout de la tolérance, l’intolérance.
En fait, le débat n’est pas entre le plus de démocratie ou le plus de république. L’excès de démocratie est très exactement ce que l’on appelle le fascisme. Et nous y allons tout droit. Simplement, il ne s’exercera pas au nom d’un Duce quelconque, mais au nom des intérêts partisans de tel groupe, ou sous-groupe, qui fera valoir ses « droits » en asservissant les droits des autres."

Anonyme a dit…

Pour revenir à la question triviale du pourquoi Disneyland, il paraît que Cecilia affectionnait beaucoup l'endroit.. (quel frondeur ce Sarko!) La pauvre ex-première dame doit être mortifiée..
Sinon tomber les filles dans un haut lieu de la culture américaine (quoique), voilà qui doit ravir Outre-Atlantique (étonnant comme le Prince est populaire là-bas).

Anonyme a dit…

Je ne peux pas vous répondre, hélas sur tout, faute de temps!
Merci en tout cas de la peine que vous prenez, et je vois que cette collection "idées reçues" est intéressante.
Je ne suis en rien spécialiste de la Chine. Je lis les journaux, et je suis membre d'Amnesty Intenational qui est une source fiable jusqu'à pruve du contraire. Pour le trafic d'organes, je parlais du trafic délibérément organisé par le gouvernement chinois et non pas d'un trafic sauvage comme il y en a en amérique latine.
En ce qui concerne Domenach, vous m'étonnez beaucoup car la revue Economica oà j'ai lu son article rassemblait tous les meilleurs spécialistes du totalitarisme, sous la direction de Guy Herment et P. Hassner.
Quant à Simon Leys, il se trouve que je suis en train de lire un livre de lui en ce moment, et que je le trouve génial. Je ne connais pas ses compétences de sinologue.
En ce qui concerne le totalitarisme , le débat serait sans fin puisqu'il faut d'abord s'entendre sur ce qu'on appelle totalitarisme.
Pour H. Arendt ,le critère c'est le camp, qui est le coeur des règimes totalitaires (c'est pourquoi le fascisme de Mussolini n'est pas un totlitarisme d'après elle). Or j'ai été soufflée d'apprendre il y a quelques jours que les camps de rééducation existent toujours en Chine! Le camp cela signifie: l'Etat a décidé de faire votre "bonheur" avec ou sans votre accord.
Pour la République et la démocratie, cela ne me semble nullement incompatible!
Un "Etat de droit" est une république avec une modeste composante démocratique, me semble-t-il!
LHL

Lhansen-Love a dit…

A Nicolas
PEKIN: un forum pour les droits humains

http://209.85.135.104/search?q=cache:cYxrVUzuCtcJ:www.amnesty.ch/fr/actualite/news/2007/pekin-2008-un-podium-pour-les-droits-humains+Chine+camps+de+r%C3%A9%C3%A9ducation+fermeture&hl=fr&ct=clnk&cd=2&gl=frains:

Lhansen-Love a dit…

Trafic d'organes de condamnés à mort:http://209.85.129.104/search?q=cache:M4IkhNpEjA8J:www.abolition.fr/ecpm/french/news.php%3Fnew%3D465+Organes+condamn%C3%A9s+%C3%A0+morts+Chine&hl=fr&ct=clnk&cd=3&gl=fr

Anonyme a dit…

"Cécilia aimait beaucoup Disneyland" donc il y va avec Carla.. je ne vous suis pas bien.
Quant à savoir si N. S. est aimé en amérique , ce n'est pas l'avis de Clem (franco american view) mais ilest vrai qu'elle est de parti-pris.
Lui, en tout cas, il aime l' amérique. Enfin il aime le cinéma!
LHL

Anonyme a dit…

Bonjour,

Je n'ai pas trop de temps non plus. Je ne suis pas d'accord avec votre vision de la Chine. Si vous avez l'occasion de partir en vacances loin de la France, faites un petit tour en Chine. Essayez aussi de voir la Chine avec une vision dynamique. Je n'ai rien contre Amnesty, mais le problème c'est l'utilisation des rapports. Chaque année Amnesty publie les violations un peu partout dans le monde, et y compris en France. Je ne comprends pas pouruqoi on focalise sur la situation chinoise, alors que la France est également épinglée.

Lhansen-Love a dit…

Cher Nicolas, je n'ai jamais dit que la Chine n'était pas un pays dynamique!
Ca ne peut pas mieux tomber: j'y vais -pour la première fois- en février. A Hong-Kong.
Je me demande si j'auris vraiment le moyens de me faire une opinion!
Enfin je vous raconterai mes impressions..

Lhansen-Love a dit…

Amnesty épingle aussi la France et les Etats-Unis. Personne n'est épargné!
Quant à moi, j'essayerai d'avoir une vision "dynamique" (pardon j'avais lu trop vite). Je serai en tout cas une touriste dynamique!

Anonyme a dit…

Je voudrais préciser le sens de "dynamisme" que j'ai employé maladroitement. Par dynamisme, je voudrais qu'on regarde la Chine en ayant en tête l'histoire et son évolution depuis 150 ans. D'une grande puissance de premier plan, la Chine est devenue l'un des pays les plus pauvres. Bien évidemment, il y a des causes internes, mais les Chinois n'ont jamais oublié tout le mal que les Occidentaux ont provoqué en Chine. La guerre de l'opium et la drogue ont provoqué 50 millions de morts. Le palais d'été a été complètement détruit en une nuit. Même les nazis n'ont jamais tué autant de civils, ni saccager Versaille. La Chine est ouverte sur les droits de l'homme, mais il faut dialoguer avec respecte. Sur ce point, je cite l'ambassadeur chinois en France :

"Le dialogue n’a plus de sens, s’il est conduit entre un donneur de leçon et un receveur de leçon, entre un présumé magistrat et un présumé accusé.

Dans les échanges entre la Chine et la France, il y a eu beaucoup de choses positives, mais, il y a eu aussi des souvenirs désagréables. Par exemple, le sac du Palais d’Été qui est intervenu le 18 octobre 1860, sac que Victor Hugo a condamné avec véhémence.

Vous êtes un pays beaucoup plus riche que la Chine, vous avez beaucoup de bonnes choses que les Chinois peuvent apprendre. Mais nous n’avons de leçon à recevoir de personne."

Sur les droits de l'homme, là aussi, il y a des progrès énormes si on a en tête une certaine évolution. La Chine va dans le bon sens. Nier cela, en rabachant chaque année les mêmes rapports, c'est refuser la réalité.

Anonyme a dit…

Voci ce que pense le Dissident chinois Bei Dao. Il dit que la presse occidentale déforme ses discours. Ca rejoint ce que j'ai évoqué plus haut : les rapports d'Amnesty sont exploités par les journalistes dans le sens qu'ils veulent. Les critiques d'Amnesty sur la France ou les Etats-Unis ne sont jamais évoqués dans la presse frnaçaise :

” - Comment jugez-vous la manière dont on perçoit la Chine en Occident ?

C’est un pays très difficile à comprendre pour les Occidentaux. Ils en ont toujours une vision très réductrice. Ils voient une dictature, un pays très pauvre… C’est une partie de la vérité, mais il y a d’autres aspects, la réalité est plus complexe. Parfois, je suis tenté de renoncer à expliquer certaines choses - même quand je parle à des sinologues ! Il faut bien essayer, pourtant… Je crois que c’est essentiellement un problème de médias. Les médias occidentaux n’ont ni la patience, ni la connaissance nécessaires pour aborder la Chine de façon satisfaisante. C’est peut-être un prolongement de la guerre froide, mais ils n’ont aucune envie de savoir ce qui se passe vraiment en Chine. Je constate cela en particulier aux États-Unis, où il n’existe aucun journal indépendant : tous les médias appartiennent à de grandes compagnies, et c’est une situation très dangereuse - en Europe, cette tendance me semble moins marquée. Ces compagnies sont au service d’intérêts économiques et politiques, et il ne peut pas y avoir de place pour les intellectuels dans leurs médias.

- Voulez-vous dire que ces compagnies brident la liberté de leurs journalistes en raison de leurs intérêts économiques en Chine ?

Non, pas dans ce sens. C’est de l’autocensure, je crois, mais une autocensure très forte. Les médias veulent prolonger la situation de la guerre froide, sans essayer de comprendre l’autre. Parfois je suis tenté de ne plus donner d’interviews, parce que les journalistes ne retiennent de mes propos que ce qu’ils aiment, et suppriment le reste. Les questions sont tellement orientées qu’il est impossible de faire passer sa propre vision des choses. Pour moi, ces médias pratiquent le lavage de cerveau, comme le communisme autrefois. Aux États-Unis, il n’y a aucun moyen de faire entendre des voix différentes. C’est vraiment comme au temps de la guerre froide : il faut choisir son camp. Moi, mon rôle est de critiquer les deux côtés. C’est un dilemme pour les dissidents et les intellectuels chinois : souvent, ils dépendent des médias occidentaux pour faire entendre leur voix, et ils ne voient que les problèmes qui existent en Chine. C’est difficile d’être indépendant, de n’être utilisé par aucun des deux côtés. Il faut beaucoup lutter pour cela.”

Anonyme a dit…

Désolé d'envoyer uncore un texte long, mais je trouve qu'il est important de donner plusieurs points de vue. En France, il est presque impossible d'échapper à la pensée unique, formatée par les pseudos spécialiste comme JL.Domenach, Guy Sorman, Frédéric Bobin, Pierre Haski, etc. Je cite le point de vue de Lisa Carducci, enseignante italo-canadienne résidant en Chine et travaillant au sein du journal Beijing News. Son point de vue est un peu différent de ce qu’on a l’habitude d’entendre ici et là :

“Elle nous en aura fait voir de toutes les couleurs, la liberté de presse. En Occident, j’y étais tellement habituée que je ne distinguais plus le mensonge de la vérité. Pourtant, je disais toujours à mes étudiants que le plus important dans un article n’était pas ce qui était écrit noir sur blanc mais ce qu’il fallait déceler entre les lignes. Quand je suis arrivée en Chine – au siècle dernier ! – je trouvais la presse bien fade. Jamais on ne rapportait une catastrophe, même naturelle. Pas de chronique de chiens écrasés. Pas de médisances sur les autres pays. Toutes les rencontres des dirigeants chinois avec des chefs d’autres États se concluaient par la satisfaction des deux parties, qui avaient, dans leur tête-à-tête, « amélioré les relations d’amitié et approfondi la connaissance mutuelle entre les deux pays ».

Puis, la Chine s’est mise à répondre aux États-Unis qui, chaque année sans manquer au rendez-vous, font un long commentaire sur la situation des droits de l’homme dans tous les pays sauf chez eux – grand bien leur fasse! Comme je collectionne ces pages annuelles, il est facile de constater que d’une année à l’autre on reprend les mêmes exemples, et que rien ne semble changer dans le monde, c’est-à-dire que la Chine ne se prosterne toujours pas au bon vouloir des puissants États-Unis, qui ne connaissent qu’une vérité, un principe et une règle : les leurs. La Chine , donc, a d’abord commencé à « se défendre », jusqu’au moment où elle a pris les devants et s’est mise à publier elle aussi, en contrepartie qu’elle avait préparée en attendant le coup de l’adversaire, son propre rapport sur les droits humains aux États-Unis.

Au cours des douze dernières années, que j’ai vécues en Chine, j’ai vu la liberté de presse se développer considérablement. Par les journaux et la télévision de Chine, nous avons pu suivre de près des événements comme les attaques terroristes du 11 septembre, la guerre en Afghanistan et le jeu de cache-cache de Ben Laden, et la guerre non moins révoltante en Irak, qui n’en finit plus et dont les conséquences sont pires que l’acte même. À l’étranger, on pense tellement que la Chine prive ses citoyens de toute information venant de l’extérieur que mes amis et parents m’envoient des nouvelles… sur la Chine même! L’opinion est répandue que « le gouvernement chinois limite la liberté de la presse ». Je dirais plutôt qu’il la gère.

La Chine compte actuellement plus de 10 000 journaux et revues et environ 2 000 chaînes de télévision pour 450 postes. Son secteur de l’information regroupe 550 000 personnes. Lors d’une visite au siège du China Daily, il y a bien sept ou huit ans, j’avais demandé qu’on nous parle de la censure exercée sur les médias en Chine. Or, la réponse fut : « Il n’existe aucun organisme de censure. Les journalistes savent jusqu’où ils peuvent aller trop loin », prononcée avec un sourire en coin par le rédacteur en chef. Les journalistes ont l’habitude de suivre la déontologie de leur profession : ne pas encourager des articles qui inciteraient à renverser le pouvoir, par exemple; ne pas susciter la violence ou répandre la pornographie. En quoi de tels reportages servent-ils l’intérêt du peuple ou la cause de l’éducation? L’autocensure est bien davantage une question de morale que de contrôle extérieur. Est-ce être privé de liberté que de n’avoir pas le droit de s’élever contre le gouvernement? Cela n’empêche pas de critiquer, de discuter, de suggérer. Des revues comme la nôtre [NDLR : Beijing Review] présentent de tels articles ; les journaux, les stations de télévision ont des pages ou des programmes d’arène publique où la controverse se fait parfois vive.

Est-ce n’avoir le droit de rien dire que de ne pas avoir le droit de tout dire? Le droit de parole n’est pas le droit de diffamation, de désordre, de calomnie. Comment parler de paix sociale dans un pays qui utiliserait la presse pour se défouler de toutes ses pressions ? Le gouvernement chinois ne craint pas la critique, mais le désordre. Il encourage les médias à critiquer ses actions, et il existe des organismes de supervision des fonctionnaires. Les infractions à la loi commises par des administrateurs publics, les actes qui vont à l’encontre de la protection de l’environnement, et d’autres gestes de corruption ou d’injustice doivent être dénoncés par le peuple qui en est témoin afin que le pays puisse se prendre en main et évoluer.

Si à l’Ouest on dit que le gouvernement chinois est dictateur, c’est sans doute parce que le système politique de la Chine n’est pas bipartite, basé sur un parti au pouvoir et un parti de l’opposition qui s’entredéchirent tout en rangeant derrière eux les médias dont ils graissent la patte. Peu d’étrangers comprennent que la Chine est un pays soumis à un système de coopération multipartite sous l’égide du Parti Communiste. Et parmi ceux qui le comprennent, plusieurs ne l’acceptent pas, parce que ce système fonctionne bien tout en étant à l’opposé du leur, ce qui leur paraît inadmissible. Si ce système est apprécié en Chine, c’est qu’il convient à cette nation de civilisation cinq fois millénaire, composée de cinquante six ethnies qui vivent en harmonie, et à ce pays qui confine à quinze voisins immédiats. S’en prendre à la liberté de presse en Chine est faire preuve d’étroitesse et d’ignorance. Et se mêler des affaires intérieures d’un pays souverain.

tiré de « Ma Chine au Quotidien » de Lisa Carducci, Editions en langues étrangères, Pékin, 2004, p.177-180 “

Lhansen-Love a dit…

Cher Nicolas,
Vous n'allez tout de même pas nous reprocher ce que les occidentaux (???) ont fait il y a 150 ans!
Je veux bien croire que la Chine évolue; en mieux.. je ne suis aps assez compétente pour trancher!
J'attends le rapport d'A.I. de 2007.. Si vous me dites que A.I. n'est pas fiable, faites-en la démonstration.
Mais toute votre argumentation reste peu crédible dans la mesure où ce que vous dites des Etats-Unis est d'une complète mauvaise foi.
Il n'y a pas de pays plus libre que les Etats-Unis, où l'on peut tout dire, soit sur le Net, soit dans des livres ,évidemment, ou par des films. cf Chomsky, cf Michael Moore et dernièrement Al Gore!
Une démocratie est un régime tel que les citoyens sont tout puissants, ils peuvent même faire tomber l'exécutif. C'est le cas aux Etats-Unis, et en Europe par d'autres biais (cour de justice européenne etc..).
C'est-à-dire que la constitution et le respect des droits de l'homme l'emportent sur le pouvoir d'Etat, le souci de justice l'emporte, à la limite, sur le souci de l'ordre (cf affaire Dreyfus) qui selon vous est la priorité du communisme chinois. Le souci du droit l'emporte sur la volonté populaire comme on le voit avec l'abolition de la peine de mort dans deux Etats ces jours-ci aux Etats-Unis contre la volonté populaire dans les Etats concernés
Voir le texte de Alain sur la démocratie que je viens de mettre en ligne sur overblog :http://www.hansen-love.com/article-14899333.html
Il n'y a pas de "dissidents" en Europe ni aux Etats-Unis, car tout le monde est dissident!

Anonyme a dit…

Bonjour

Quelques réponses en vrac :

1°) "Vous n'allez tout de même pas nous reprocher ce que les Occidentaux (???) ont fait il y a 150 ans!"

La société Francaise souffre d'amnésie. Elle se refuse à reconnaître les périodes peu glorieuses de son histoire durant lesquelles l'esclavagisme et le colonialisme ont été justifiés par un racisme institutionnel. Ces périodes sont révolues, mais mal assumées, formant ainsi un bon terreau pour permettre au racisme institué à l'époque de survivre sous d'autres formes.

Vous ne pouvez pas prétendre militer pour les droits de l'homme si à chaque fois qu'on parle des crimes de la France, vous balayez de revers de main : "ah! il y a 150 ans, c'est pas nous!". Comment peut-on être sûr que vous êtes sincère ? Ce qui se passe il y a 150 ans a des répercussions sur la situation d'aujourd'hui. Je rappelle cette résolution de l'ONU :

"Estimant que, dans le cadre de la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, il était nécessaire que la communauté internationale se penche sur les causes et les conséquences de ces maux, historiquement engendrés, dans une large mesure, par l'esclavage, le colonialisme et les guerres de conquête,

Estimant aussi que la responsabilité historique des puissances en cause vis-à-vis des peuples qu'elles ont colonisés ou réduits à l'esclavage doit faire l'objet d'une reconnaissance formelle et solennelle et de réparations,

Rappelant que cette responsabilité est d'autant plus fondée que les périodes d'esclavage et de colonialisme ont généré dans les pays concernés un état de délabrement économique et des séquelles graves dans le tissu social et d'autres drames qui continuent à ce jour à affecter des peuples entiers partout dans le monde,

Estimant que la reconnaissance formelle et solennelle de cette responsabilité historique à l'égard des peuples concernés doit inclure un aspect concret et matériel tel que le recouvrement de la dignité des peuples affectés, la coopération active au développement non limité aux mesures actuelles d'aide au développement, l'annulation de la dette, l'application de la «taxe Tobin», le transfert de technologies au bénéfice des peuples concernés, et la restitution progressive des biens culturels assortie des moyens permettant d'assurer leur protection effective"

2°) "Si vous me dites que A.I. n'est pas fiable, faites-en la démonstration".

Nulle part, je n'ai dit ça. Je dis simplement que les rapports d'A.I sont utilisés par des puissances ou des journalistes à d'autres fins. En 2004, le rapport d'A.I fait le point de la situation des droits de l'homme en France: opacité sur les ventes d’armes, non-respect du droit d’asile, brutalités policières, etc. Pour illustrer la sortie de ce rapport, les journalistes de France nous parlent de mariages forcés des étrangers en France. La brutalité policière n'est même pas évoquée.

Il est légitime de reprocher à A.I son traitement inégal, que ce soit entre des dictatures comme le Soudan et l'Arabie saoudite et des pays démocratiques comme le Canada, les États-Unis. Sur votre blog, vous avez décrit la Chine comme un pays totalitaire, ce que vous ne dites pas pour l'Arabie Saoudite, alors que la situation des droits humains en Arabie Saoudite est pire qu'en Chine. Sur ce site http://hns-info.net/article.php3?id_article=12686 , on apprend qu'une victime de viol est punie pour avoir parlé.

3°) à propos des États-Unis, de la liberté et de la démocratie

La liberté de presse est limitée en France : on ne peut pas faire l'apologie de la race ou faire l'éloge de l'antisémitisme. La liberté d'expression est totale aux États-Unis. D'ailleurs, certains sites nazis sont censurés en France, alors qu'ils ne le sont pas aux Etats-Unis, mais cela ne signifie pas que les États-Unis soient plus démocratiques que la France. La France a fait un choix qui correspond à la culture française et à son histoire : elle limite la liberté pour préserver l'intégralité intellectuelle des personnes influençables.

En Chine, la liberté est aussi limitée. Pour publier sur internet ou sur papier, il faut faire une demande auprès des autorités compétentes. Toute information devra passer par elles et être validée pour pouvoir être publiée. Les contenus qu’elles considéreront comme irrecevables :

– violer les principes fondamentaux définis dans la Constitution de la République populaire de Chine

– saboter la solidarité nationale, la souveraineté et l'intégrité nationale de la Chine

– compromettre la sécurité nationale, la réputation et les intérêts de la Chine

– violer les politiques religieuses ou prôner de mauvais cultes ou la superstition

– inciter la haine et la discrimination parmi les groupes ethniques, saboter leur union et empiéter sur leurs coutumes et usages, ou porter atteint à leur sentiment

– publier de fausses informations, perturber l'ordre économique et social de Chine ou saboter la stabilité sociale de Chine;

– propager l'obscénité et la violence, ou encourager les crimes

– humilier ou calomnier d'autres personnes, ou empiéter sur les droits et intérêts légitimes d'autres personnes

– porter atteinte aux règles morales de la société ou aux excellentes traditions culturelles de la nation chinoise

– comporter d'autres contenus interdits par les lois et les règlements administratifs chinois

La Chine s'est fixé ces lois, il faut les respecter. Les journalistes qui ne respectent pas ces lois sont condamnés, la chine est une République.

Et même s'il y a liberté totale aux États-Unis, ce pays peut devenir très vite une dictature d'opinion : chasse aux sorcières sous MacCarthy, manipulation des médias par le gouvernement pour faire la guerre en Irak, de nombreux journalistes ont été condamnés pour avoir refusé de livrer les sources, etc. Si on "fouine" comme vous le faites dans le cas de la Chine, on peut trouver plein de choses de mal à dire, même pour les États-Unis.

Quant à ce que vous dites sur le fait que les citoyens sont tous dissidents dans une démocratie, je trouve que c'est un peu naïf, mais bon...