mardi 18 décembre 2007

Galilée: l'humilitation d'un esprit droit

LA RÉVOLUTION GALILÉENNE
"Nous sommes le 22 juin 1633. Galilée comparaît à Rome devant la Congrégation du Saint-Office. Il vient d'entendre la sentence. Elle comporte l'interdiction du Dialogue sur les deux grands systèmes du monde, son livre le plus important, et la condamnation de principe de Galilée à l'incarcération au gré du Saint-Office ainsi qu'à certaines "pénitences salutaires" (c'est-à-dire la récitation une fois par semaine, pendant trois ans, des sept psaumes de la Pénitence), le Saint-Office se réservant "la faculté de modérer, de changer ou de supprimer totalement ou partiellement les sus-dites peines et pénitences". Après avoir entendu la sentence, Galilée, à genou, prononce publiquement l'abjuration suivante: "Moi, Galilée, fils de Vincenzio Galilée de Florence, comparaissant personnellement au jugement et agenouillé devant vous, Eminentissimes et Révérendissimes Cardinaux, Inquisiteurs généraux agissant pour tout le monde chrétien contre la perversité hérétique, ayant devant les yeux le très Saint Évangile que je touche de mes propres mains, je jure que j'ai toujours cru, que crois maintenant, et avec l'aide de Dieu, que je croirai à l'avenir tout ce qu'admet, prêche et enseigne la Saint Église catholique et apostolique". Et Galilée ajoute "Ce même Saint Office m'avait antérieurement, juridiquement et officiellement intimé l'ordre d'abandonner cette opinion fausse selon laquelle le soleil serait le centre du monde et ne se déplacerait pas, la terre n'étant pas le centre du monde et se déplaçant (...) bien qu'il m'ait été notifié que cette doctrine était contraire a l'Évangile, j'ai cependant écrit et fait imprimer un livre dans lequel j'expose cette doctrine déjà condamnée en donnant des raisons puissantes et sa faveur sans apporter aucune preuve (...) Voulant donc ôter de l'esprit de vos Éminences et de tous fidèles chrétiens, suspicion véhémente à bon droit retenue contre moi, avec un coeur sincère, et en toute bonne foi, j'abjure, je maudis les susdites erreurs et hérésies".
Une tradition populaire invérifiable mais significative raconte qu'après avoir abjuré, Galilée, se relevant de l'agenouillement où il s'était alors tenu, aurait frappé la terre du pied en s'écriant: "Eppur si muove" ("Et pourtant elle tourne !").
C'est cette abjuration et cette légende que la mémoire des hommes a retenues de la vie de Galilée. Galilée illustre le combat de la Raison et de la Révélation, des Lumières et du Dogme, de la Liberté et de l'Autorité, du Savoir et de la Foi".

A. Finkielkraut

(Les deux culutures, cours)

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