Bien sûr, les propos de Nicolas Sarkozy suscitent un tollé, et c'est normal.( "Dans la transmission des valeurs et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur et le curé, parce qu'il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d'un engagement porté par l'espérance" a-t-il dit).
Toutefois, essayons d'apprécier ces propos en dehors de toute polémique partisane...
On peut reformuler la question: la morale (laïque , ou agnostique) peut-il se suffire à elle-même?
C'était l'un des sujets du débat Julliard/Ferry ce matin.
L'un et l'autre s'accordaient sur le fait que la morale a besoin d'autre chose en plus (transcendance , spiritualité????)
Pour ce qui me concerne, j'aurais tendance à pensert en effet que l'instituteur (hommage lui soit rendu!) ne peut "remplacer" le prêtre et que le propos de Sarkozy est certes péremptoire et déplacé, mais plutôt ..vrai!
Parce que nous avons besoin de convictions, et l'intituteur ne nous en fournit pas.. A la limite l'instituteur , ou le prof ne SAIT pas ce qui est bien ou mal, car, -merci Spinoza - il n'y a plus de Bien et de Mal dans une perspective rigoureusement laïque.
Ou encore : il me semble que l' on ne peut pas si facilement se passer de religion (c'est-à-dire confier à l'Etat le soin de d'incarner le sacré, ou encore de répondre à une demande insistante de "transcendance"... ). Voir L'avenir d'une illusion de Freud...
Rémi Brague: "Que l'agir humain puisse, sans référence au divin, se déployer librement, et non pas plutôt s'échouer dans des dialectiques suicidaires, voilà ce qui reste à démontrer"
(C'était la conclusion du chapitre : la religion est-elle une nécessité sociale de mon livre "Cours particulier de philosophie")