samedi 26 janvier 2008

"Comme un fleuve impétueux..." (suite débordements)




Pour Machiavel, l'ordre politique doit servir de garde-fou à la société, car celle-ci est toujours menacée de désintégration :


"Je juge que s'il peut être vrai que la fortune est l'arbitre de la moitié de nos actions, elle nous en laisse cependant gouverner l'autre moitié, ou à peu près. Et je la compare à un de ces fleuves impétueux qui, lorsqu'ils s'irritent, inondent les plaines, détruisent les arbres et les édifices, enlèvent de la terre ici, la déposent ailleurs.Tous s'enfuient devant eux, chacun cède à leur assaut, sans pouvoir en rien leur faire obstacle. Bien qu'ils soient ainsi faits, il n'empêche que les hommes, lorsque les temps sont calmes, peuvent prendre certaines dispositions, grâce à des digues et à des remparts, de telle sorte que si les eaux montaient, ou bien elles seraient canalisées, ou bien elles seraient moins furieuses et dangereuses. Il en va ainsi de la fortune : elle démontre sa puissance là où la valeur n'est pas préparée pour lui résister, et tourne ses assauts là où elle sait que n'ont pas été montés des digues et des remparts pour la contenir. Et si vous considérez l'Italie (1, qui est le siège de ces bouleversements et la source de leur impulsion, vous remarquerez qu'elle est une contrée sans digue et sans aucun rempart".

Nicolas Machiavel, Le Prince, (1532) IV partie, chap. xxv, trad. Th. Ménissier, Hatier, coll. «Les classiques de la philosophie», 1999, p. 112-113.


1) L'italie au 16 ième siècle est en proie aux guerres intestines entre Prinicpautés.

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