mercredi 13 juin 2007

Concours IEP Rennes Toulouse; le Discours sur l'inégalité



Extrait du commentaire réalisé par Eric Zernik pour Classiques Hatier de la philosophie


ÂGE DES CABANES
Il représente la phase de transition entre le premier et le second état de nature; sous l'effet des contraintes de la nature, les hommes se rapprochent, des familles se forment et se sédentarisent : « les deux sexes commencèrent par une vie un peu plus molle à perdre quelque chose de leur férocité et de leur vigueur ».
AMOUR-PROPRE
« Sentiment relatif, factice et né dans la société, qui porte chaque individu à faire plus de cas de soi que de tout autre. » Tirant son origine des comparaisons, il assu-jétait l'homme social à l'empire de l'opinion. Ne pas confondre avec l'amour de soi-même qui « est un sentiment naturel qui porte tout animal à veiller à sa propre conservation et qui, dirigé dans l'homme par la raison et modifié par la pitié, produit l'humanité et la vertu ».
DESPOTISME
Il représente la forme extrême de la corruption des gouvernements, mais aussi la phase ultime de révolution catastrophique de l'état tel qu'il se rencontre déjà dans certains pays : « C'est ici que tous les particuliers redeviennent égaux parce qu'ils ne sont rien: et que les sujets n'ayant plus d'autre loi que la volonté du maitre, ni !e maître d'autre règle que ses passions, les notions du bien et les principes de justice s'évanouissent derechef. »
ÉTAT DE NATURE
Peut désigner
- la situation originelle de l'homme avant les premiers développements des facultés. Essentiellement caractérisé par la solitude du primitif, il précède les premiers groupements humains;
- l'état pré-juridique :selon les théoriciens de l'école du droit naturel, l'état de nature s'oppose à l'état civil institué par le pacte social.
Habituellement confondues, ces deux définitions doivent être distinguées chez Rousseau, car la nécessité d'un pacte social ne se fait sentir que très tardivement, bien après la formation des premières communautés, lorsque l'état de guerre se répand sous l'aiguillon du développement anarchique de la propriété privée.
LIBERTÉ
Outre le sens habituel d'indépendance, Rousseau caractérise la liberté métaphysique comme ce pouvoir qu'a l'homme de concourir à ses actions en qualité d'agent volontaire. Elle s'oppose à l'instinct de l'animal et représente avec la perfectibilité l'un des deux traits distinctifs de l'humanité.
LOI NATURELLE
Par opposition aux lois positives instituées par les États, elle désigne la loi que les hommes ont reçues de la nature. Son contenu, selon Rousseau, se réduit à deux principes « antérieurs à la raison, dont l'un nous intéresse à notre bienêtre et à la conservation de nousmêmes, et l'autre nous inspire une répugnance naturelle à voir périr ou souffrir tout être sensible et principalement nos semblables, »
PACTE SOCIAL
C'est la convention que les membres d'une même communauté passent les uns avec les autres et au terme duquel ils renoncent à leur indépendance afin de mettre fin à l'état de guerre. Il enveloppe - le pacte d'association par lequel les hommes acceptent de se plier à des lois communes et d'où procède la société policée; - le pacte de soumission ou de gouvernement par lequel le peuple confie la charge d'appliquer les lois à un pouvoir exécutif.
PASSION AMOUREUSE
Rousseau distingue « le physique de l'amour » de sa composante morale : « Le physique est ce désir général qui porte un sexe à s'unir à l'autre; le moral est ce qui détermine ce désir et le fixe sur un seul objet exclusivement; ou du moins qui lui donne pour cet objet préféré un plus grand degré d'énergie. » La composante morale, qui se fonde sur la comparaison et suscite les rivalités entre les hommes, est un sentiment acquis qui ne se déploie que dans un cadre social.
PERFECTIBILITÉ
Représente, avec la liberté métaphysique, le second trait distinctif de l'humanité. C'est « la faculté de se perfectionner; faculté qui, à l'aide de circonstances, développe successivement toutes les autres et réside parmi nous tant dans l'espèce que dans l'individu, au lieu qu'un animal est, au bout de quelques mois, ce qu'il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce qu'elle était la première année de ces mille ans ».
PITIÉ
« La pitié est un sentiment naturel qui, modérant dans chaque individu l'activité de l'amour de soimême, concourt à la conservation mutuelle de toute l'espèce. » C'est la présence de ce sentiment inné qui justifie, aux yeux de Rousseau, la thèse de la bonté naturelle de l'homme.
PREMIÈRES COMMUNAUTÉS
Ou «véritable jeunesse du monde elles correspondent en gros à I état des sociétés découvertes par les voyageurs au XVlllè siècle. Ces sociétés, dépourvues de toute organisation politique et juridique, se situent à mi-chemin entre l'existence isolée du primitif et l'apparition de l'état civil. Elles caractérisent ce qu'on peut appeler « le second état de nature »: «... cette période du développement de facultés humaines, tenant un juste milieu entre l'indolence de l'état primitif et la pétulante activité de notre amour-propre, dut être l'époque la plus heureuse et la plus durable. »
PROPRIÉTÉ PRIVÉE
Il s'agit pour l'essentiel de la propriété foncière. Elle n'apparaît qu'avec l'agriculture et découle originellement de la volonté légitime de s'assurer du fruit de son travail. Il faut distinguer la propriété bornée, fondée sur le travail et les besoins, et la propriété expansive qui s'inscrit dans une logique de prestige. Cette dernière engendre l'inégalité des richesses et la violence généralisée imposant le recours au pacte social En outre, le Contrat social distinguera la simple possession et la propriété proprement dite reconnue par l'Etat et garantie par les lois. Contrairement à une idée reçue, Rousseau ne stigmatise pas la propriété privée; il exige simplement que celle-ci soit équitablement répartie par l'État.

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