jeudi 7 juin 2007
Eloge du commerce (Benjamin Constant)
La mondialisation vue par B. Constant . Le philosophe explique ici pourquoi la logique du commerce est fondamentalement pacificatrice :
« Le commerce donne à la propriété une qualité nouvelle : la circulation ; sans circulation,la propriété n’est qu’un usufruit ; l’autorité peut toujours influer sur l’usufruit, car elle peut enlever la jouissance, mais la circulation met un obstacle invisible et invincible à cette action du pouvoir social.
Les effets du commerce s’étendent encore plus loin ; non seulement il affranchit les individus, mais, en créant le crédit, il rend l’autorité dépendante.
L’argent, dit un auteur français, est l’arme la plus dangereuse du despotisme ; mais il est en même temps son frein le plus puissant ; le crédit est soumis à l’opinion, la force est inutile, l’argent se cache ou s’enfuit. ; toutes les opérations de l’Etat, sont suspendues. Le crédit n’avit pas la même influence chez les anciens ; leurs gouvernements étaient plus forts que les pouvoirs politiques de nos jours ; la richesse est une puissance plus disponible dans tous les instants, plus applicable à tous les intérêts, et par conséquent bien plus réelle et mieux obéie ; le pouvoir menace, la richesse récompense, on échappe au pouvoir en le trompant ; pour obtenir les faveurs de la richesse, il faut la servir ; celle-ci doit l’emporter.
Par une suite des mêmes causes, l’existence individuelle est moins englobée dans l’existence politique. Les individus transplantent au loin leurs trésors ; ils portent avec eux toutes les jouissances de la vie privée ; le commerce a rapproché les nations et leur a donné des mœurs et des habitudes à peu près pareilles ; les chefs peuvent être ennemis ; les peuples sont compatriotes » 1815 De la liberté des anciens comparée à celle des modernes.
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