"Nul peuple, ancien ou moderne, civilisé ou sauvage, n'a jamais admis que la femme fût l'égale de l'homme. J'ai étudié les divers traits et caractères naturels des soi-disant « animaux inférieurs » et les ai comparés à ceux de l'homme. Le résultat est humiliant pour moi : car je me vois contraint de renoncer à la théorie darwinienne de l'ascension de l'Homme à partir des animaux inférieurs ; il me semble maintenant évident que cette théorie doit céder la place à une autre plus forme à la vérité, qui se pourrait nommer la déchéance de l'homme à partir des animaux supérieurs. Tout au long des investigations qui devaient aboutir à cette conclusion déplaisante, je me suis gardé des hypothèses,conjectures et autres estimations hasardeuses ; j'ai constamment utilisé ce qu'il est convenu d'appeler une méthode scientifique. En d'autres termes, j'ai soumis tout postulat qui présentait à moi à l'épreuve cruciale de l'expérimentation [...]
Je n'ignorais pas que bon nombre de ceux qui ont amassé infiniment plus de millions qu'ils n'en pourraient jamais dépenser en désirent furieusement davantage, et n'hésitent pas à subtiliser la maigre pitance des ignorants et des faibles pour apaiser un moment leur féroce appétit. Je procurai à cent espèces différentes d'animaux sauvages ou domestiques l'occasion d'amasser d'énormes quantités de nourriture - aucun d'eux ne voulut en profiter. Les écureuils, les abeilles et certains oiseaux firent quelques réserves mais s'arrêtèrent dès qu'ils eurent mis de côté leur provision pour l'hiver, et nul argument, honnête ou spécieux, ne put les persuader de prendre le moindre supplément. Afin d'étayer sa réputation chancelante, la fourmi fit semblant d'accumuler des stocks démesurés, mais cela ne prit pas : je connais la fourmi. Toutes ces expériences me convainquirent que l'homme diffère des animaux supérieurs en ce qu'il est d'une avarice sordide, eux non.
"Au fil de mes expériences je me persuadai aussi que l'homme est le seul entre tous les animaux qui enfouit au fond de soi les affronts et les outrages, les remâche, attend patiemment son heure, puis se venge. La vengeance, passion des hommes, est inconnue des animaux supérieurs. Les coqs ont un harem, mais comme leurs concubines sont consentantes, personne n'est lésé. Les hommes aussi ont des harems, mais ils se les constituent par la force brutale, et sous le couvert de lois atroces, instituées par eux seuls, sans que la femme ait aucunement droit à la parole. Là encore l'homme est bien moins haut perché que le coq, sur l'échelle des valeurs animales. Les chats ont des moeurs dissolues, mais ils n'en ont point conscience. L'homme est le descendant dévalué du chat ; il en a gardé l'inconduite, mais laissé en route l'inconscience - cette grâce sanctifiante qui absout le chat. Le chat est innocent, non l'homme".
Mark Twain Contes humoristiques
"Au fil de mes expériences je me persuadai aussi que l'homme est le seul entre tous les animaux qui enfouit au fond de soi les affronts et les outrages, les remâche, attend patiemment son heure, puis se venge. La vengeance, passion des hommes, est inconnue des animaux supérieurs. Les coqs ont un harem, mais comme leurs concubines sont consentantes, personne n'est lésé. Les hommes aussi ont des harems, mais ils se les constituent par la force brutale, et sous le couvert de lois atroces, instituées par eux seuls, sans que la femme ait aucunement droit à la parole. Là encore l'homme est bien moins haut perché que le coq, sur l'échelle des valeurs animales. Les chats ont des moeurs dissolues, mais ils n'en ont point conscience. L'homme est le descendant dévalué du chat ; il en a gardé l'inconduite, mais laissé en route l'inconscience - cette grâce sanctifiante qui absout le chat. Le chat est innocent, non l'homme".
Mark Twain Contes humoristiques
2 commentaires:
( le texte est en double !)
merci, je m'étais emmêlé les pinceaux..
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