samedi 1 décembre 2007

Sublimité de la méditation silencieuse (Nietzsche)


Architecture à l'usage de ceux qui cherchent la connaissance. - Il faudra reconnaître un jour, - et je pense qu'il viendra vite, - que ce qui manque le plus à nos villes, ce sont des « pensoirs » silencieux et spacieux, de vastes endroits, avec de hautes longues galeries pour le mauvais temps et le grand soleil, où le bruit des voitures et les cris dés marchands ne pénètrent pas et où le tact interdise même aux prêtres de prier à haute voix : des bâtiments et des promenades qui expriment par leur ensemble la sublimité de la méditation et de l'isolement. Le temps est passé où l'Eglise possédait le monopole de cette méditation, où la vite contemplativa devait commencer nécessairement par être vite religiosa : car cette idée ressort de tout ce qu'elle a construit. Je ne vois pas comment nous pourrions nous accommoder de ses bâtiments, même s'ils perdaient leur destination religieuse. Maisons de Dieu, théâtres d'apparat, des commerces surnaturels, ils parlent une langue trop emphatique et trop étroite pour que nous y puissions, impies, méditer nos pensées à nous. C'est nous que doivent traduire et la pierre et la plante pour que nous puissions nous promener en nous-mêmes quand nous irons dans ces galeries et ces jardins". Nietzsche Gai savoir, § 280
(Image de Central park, New York)



Nietzsche Le gai savoir § 280

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