vendredi 4 janvier 2008

A petit (s) soldat (s)


Un ou plusieurs soldats?

J'ai essayé de vous répondre sur votre site , mais je n'ai pas compris comment il faut procéder (pas trouvé l'onglet commentaire)

1) Je n'ai pas trouvé votre texte à propos de "Notons-nous les uns les autres"

2) Je ne découvre que maintenant votre lettre ouverte! Je vous trouve atrocement péremptoire, en effet. Je connais la différence entre "cinéma moderne" et "cinéma classique". Et si j'ai dit que vous aviez du goût pour le cinéma "moderne", c'était en un sens purement chronologique, et c'est pourquoi j'ai mis des guillemets.

Vous mettez en avant vos goûts de façon fort narcissique. "J'aime ceci, je n'aime pas cela, voyez comme je me distingue du tout venant..."

Il me semble que l'on peut aimer Rohmer (je ne suis pas ploin de considérer moi aussi que c'est le plus grand -disons que c'est l'un de ceux qui me touchent le plus...).
Mais pourquoi parce qu'on aime Rohmer on ne devrait pas aimer Tarantino ?..

Peu importe d'ailleurs.

Sur cinechronique, chacun s'exprime librement ce qui a pour conséquence que je ne suis pas toujours en phase avec les rédacteurs, loin s'en faut. Mais ici je le suis avec Elise!


Maintenant votre point de vue m'intéresse beaucoup, car il est original et argumenté.
J'aimerais savoir ce que vous avez pensé de La question humaine d'une part, de La graine et le mulet d'autre part.

Et comment classez-vous les films de J. Audiard?


Par ailleurs je trouve grotesque cette manie des best-of aujourd'hui...

Les belles choses ne peuvent pas être classées. Tout le monde fait cela pour se rendre intéressant (et nous pour faire comme tout le monde)

11 commentaires:

par Felix a dit…

j'ai vu "la graine et le mulet", et ayant auparavant lu quelques articles dithyrambiques sur ce film, j'ai été un petit peu déçu, bien qu'il m'ait par moments beaucoup touché. Je n'ai pas été enthousiasmé dès le début, comme si il y avait deux parties aux rythmes différents, (pas été séduit non plus par la longue scène de danse), la fin m'a d'abord frustré...
Et pourtant, le style de Kechiche est captivant et subtil, les acteurs sont bons, sans aucun doute très bien dirigés, un grand charme se dégage de ce film, on y perçoit la "patte" d'un réalisateur de talent. Je me demande presque si je ne suis pas passé à côté de "la graine et le mulet", peut-être faudra t-il le revoir plus tard...
ps: qu'est-ce que c'est que "la pensée mac-mahonienne du milieu des années 50" ?maccarthyste plutôt ? ou est-ce autre chose ?
avez-vous vu "la visite de la fanfare" ?

Lhansen-Love a dit…

Ah oui, pour la pensée Mc-mahonnienne, référence aux Cahiers du cinéma et au cinéma Mac- Mahon... quant à ce que cela signifie, j'espère que petit soldat nous le dira..
Moa j'adore La graine et le mulet? y compris dans ses longueurs.
Oui, j'a vu la Visite de la fanfare;pouquoi?

Anonyme a dit…

Chère Laurence,
Votre réponse m'intrigue:
1°)tout d'abord, quel est l'article "Notons-nous les uns les autres?
2°)ensuite, permettez-moi de vous dire que je ne me trouve pas narcissique (un comble pour des cinéphiles qui restent anonymes!); je m'efforce d'argumenter mon propos avec le plus de rigueur possible, principe élémentaire d'un ancien hypokhâgneux.
3°)enfin, pour ce qui est de La Question humaine, je ne l'ai pas vu, mais la thèse soutenue par le film- le capitalisme ne serait que la suite logique du nazisme- a déjà été exposée par Chaplin dans Monsieur Verdoux et Straub dans Introduction pour une musique d'Arnold Shönberg, avec plus de génie il me semble. Quant à La Graine et le mulet, je pense y consacrer un article sur le blog (n'hésitez pas à venir le consulter!)
Respectueusement


P.S: concernant le mac-mahonisme, il s'agit d'une école de la critique parisienne formée en 1954 qui, en opposition aux hitchcocko-hawksiens des Cahiers du Cinéma, défendait paradoxalement des réalisateurs jugés progressistes par la critique intellectuelle de droite (comme Losey, Preminger...) et des grands cinéaste réputés plus conservateurs (Walsh, Ford). Les mac-mahoniens ont fondé leur doctrine iconoclaste sur l'idée de la toute puissance de la mise en scène, n'hésitant pas à déclarer que "la violence est un thème majeur de l'esthétique"; cette idéologie hautement réactionnaire trahissait un goût immodéré pour la beauté des corps hollywoodiens et le faste des mises en scène spectaculaires de péplum. Leur nom vient du cinéma Mac-Mahon, lieu de pèlerinage de ces cinéphiles; leur revue s'intitulait Présence du cinéma. Vous comprendrez donc que cette école cinéphilique nous est profondément antiphatique.

UN petit soldat

Anonyme a dit…

Autre message:
1°) pourquoi parlez-vous de la "manie des best-of aujourd'hui"? à quoi faitez-vous référence?
2°)Le cinéma de J.Audiard ne nous intéresse que très moyennement: Sur mes lèvres était honorable, De battre...carrément détestable. Peut-être faudrait-il lui consacrer un article? Mais le temps et l'envie nous manquent.
3°)enfin, nous n'avions pas l'intention d'opposer Rohmer à Tarantino: nous voulions simplement réagir à l'actuelle politique d'Emmanuel Burdeau et sa bande qui accorde au réalisateur de Boulevard de la mort une place qu'il ne mérite pas.
Respectueusement

Un petit soldat

Lhansen-Love a dit…

A UN petit soldat,
Cher petit soldat,
(J'ai cru que votre commentaire était associé au message Notons-nous les uns les autres..)
Ensuite, "narcissique" cela n'impose pas de se faire valoir publiquement et personnellement. Ce que je voulais dire, c'est que vos goûts, éminemment subjectifs, sont une manière d'exprimer... votre personnalité.
En ce qui concerne la thèse de la "Question humaine".. je n'ai pas compris cela dans M. Verdoux, qui ne m'ait pas apparu comme un film à thèse.Mais de toute façon on ne peut pas juger un film sur sa thèse (il me semble que le capitalisme précède le nazisme de 4 siècles et ensuite qu'il est largement indépendant du nazisme. Le nazisme est un "totalitarisme" comme le communisme. Je crois que ces auteurs que vous citez et leurs admirateurs doivent ignorer totalement H. Arendt.
Merci pour les précisions sur le mac-mahonisme. Toutefois, on ne peut disqualifier a priori uen oeuvre parce qu'elle exprime une idéologie récitonnaire.
Quid de Griffith?
Et de tous les westerns? John Ford (que j'adore) n'es tpas réactionnaire selon vous?
Et Céline?
Et Chateaubriand?
Non , vous ne pourrez jamais appliquer de telles grilles de lecture.
En même temps je comprends bien que vous soyez horripilés par les parti-pris snobs, maniéristes et frivoles des Cahiers...

J'attends avec impatience votre critique de La graime et le mulet
(PS: j'ai la plus grande estime pour J. Audiard, si original et talentueux. J'ai découvert il y a deux jours son stupéfiant "Regarde les hommes tomber".
Déjà, ses titres , c'est tout un programme!
Avez-vous vu le Ken Loach?
Comment le jugez-vous? Moderne? Classique? Ringard?
Au moins , en voilà un qui n'est pas "réactionnaire"!

Lhansen-Love a dit…

La manie des best-of.. meileurs films de 2007, meilleurs films de toute l'histoire du cinéma etc etc..
Vous n'allez jamais sur Allocine?

Anonyme a dit…

Bon, écoutez, je ne sais plus quoi vous répondre...vous me parlez d'idéologie réactionnaire lorsque je vous parle d'une esthétique aryenne de l'image (dans le cas du mac-mahonisme). Je ne m'intéresse pas à ce que certains cinéastes ont pu déclarer par le passé quant à leurs orientations politiques; je m'intéresse à la traduction de leur pensée dans des images. Donc, pour moi, lorsque Jacques Audiard dans De battre...filme trois individus chassant des immigrés à coups de batte de base-ball sur fond de musique rock (un peu comme Tarantino dans Reservoir Dogs), ce n'est pas une dénonciation de leurs agissements, c'est de la jouissance pure et simple de la violence, de l'irresponsabilité. Maintenant, si vous me lancez sur Ford, je vous dirai que je ne le trouve pas du tout réactionnaire; il a signé les plus beaux plaidoyers en faveur des minorités ethniques (Le Sergent Noir, 1960; Les Cheyennes, 1963); dans la fin de Sur la piste des mohawks(1940), il exalte le sacrifice des noirs et des indiens pour la création des Etats-Unis d'Amérique; Les Raisins de la colère (1939), c'est la lutte des classes à tous les étages; dans Frontière Chinoise(1965),son chef-d'oeuvre, il s'en prend aux congrégations religieuses... Si Ford était conservateur, il l'était comme pouvait l'être Ozu, parce qu'il était témoin de la désagrégation du noyau familiale, parce que le monde moderne allait trop vite pour lui. En même temps, il était très conscient des boulversements de son pays, et il s'y résignait (la fin de Liberty Valance). Donc non, Ford n'est pas réactionnaire!
Quant à Griffith, c'était un sudiste, comme Keaton: Naissance d'une nation, c'est beaucoup plus subtil qu'il n'y paraît, ça n'est pas la vision manichéenne d'un raciste comme on a pu le dire. C'est un film très fidèle à la réalité historique de la Reconstruction après la Guerre de Sécession, celle des Scalawags et des carpet-baggers.
Céline? Chateaubriand? je ne suis pas un idiot. Oui, Céline est un très grand styliste, mais comme tous les formalistes il a pensé que l'on pouvait s'abstraire de la réalité par l'écriture, ce qui est idiot. Son écriture est le reflet de sa pensée, désespérée, négative...C'est pas dimanche tous les jours. Quant à Chateaubriand, c'es un immense génie, mais je n'ai pas les capacités d'en parler plus longtemps. Donc, rassurez-vous, je n'applique pas de telles grilles de lecture.
J'espère ne pas avoir été trop narcissique et pédant dans ma réponse.
Respectueusement

Un petit soldat

Lhansen-Love a dit…

Qui a dit que vous étiez idiot, petit soldat?
mais enfin.. Ford a tout de même la réputation d'être réac...
Quant à la scène de la fin de Naissance d'une nation avec le KKK sauvant les pauvres sudistes assaillis par des noirs.. il y aurait quand même de quoi tousser un peu.. Je vous assure, impossible , une fois pour toutes, de juger une oeuvre en fonction de ses relents politiques ou idéologiques. Voyez Eisenstein.
Sur la violence gratuite et jouissive au cinéma , je suis assez d'accord avec vous, pourtant,( et j'ai même écrit un texte là dessus pour la revue Alternative non-violente (je peux vous l'envoyer si vous voulez) ).
Mais il est vraiment difficile de dire ce qui est tolérable et ce qui ne l'est pas.
Que pensez-vous par ex des frères Cohen? Le film Fargo était quand même un pb, non? Et Scorcese, Gangs of New York?

Anonyme a dit…

(juste en passant: TarAntino, Madame ;))

Lhansen-Love a dit…

Tarantino.. je confondais avec tarentule!
Je rectifie.. merci!

Les Petits Soldats a dit…

Chère Laurence,
nous préfèrons ne pas vous répondre à l'emporte-pièce mais sachez que nous consacrerons, probablement le mois prochain, un article à la culture du cinéma de genre et de la violence.

Pour garder le contact, vous pouvez toujours mettre ici même un lien vers notre site (!)

Respecteusement,

un autre Petit Soldat