samedi 15 décembre 2007

"La reine du monde", livre de Jacques Julliard, à paraître le 4 janvier 2008


Livre à paraître de Jacques Julliard sur l'opinion publique. Lire son article sur le site du Nouvel Obs

Voir aussi L'obscénité démocratique de Regis Debray, et le point de vue de Khadafi

"Aujourd'hui pour être légitime, une loi déjà votée par le parlement doit aussi recevoir l' aval de la rue" (Jacques Juliiard)
Voir mon billet d'humeur ici sur les manifs anti-Pécresse et les blocages.
Et, plus objectif : Faut-il critiquer la démocratie? ici.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,
Je ne suis pas spécialiste de la question, bien entendu, mais cela n'est-il pas un symptôme de l'échec de la démocratie ? Voter pour une politique et un gouvernement, voir appliquer cette politique puis descendre dans la rue pour la contester, c'est manifestement davantage du caprice que de la responsabilité.
Cet échec est-il imputable à la démocratie elle-même ou bien à la disjonction qui existe aujourd'hui entre communication politique et la réalité ?
Je ne prends qu'un exemple. Le fameux travailler plus pour gagner plus. En théorie tout le monde est d'accord, c'est tellement évident qu'on ne peut contester (imaginons un seul instant travailler plus pour gagner moins). Mais en pratique, quand il n'y a pas de travail, comment travailler plus donc gagner plus ?
La communication politique qui devrait attirer l'attention sur la réalité (et être pratique, pragmatique) n'est-elle pas au contraire en train de la voiler ?
Une démocratie de discours, voire de fable ou de chanson (ma plus belle histoire...) n'est-elle au coeur de la pratique politique contemporaine ?
Le principe de plaisir dans les discours, le principe de réalité dans la rue.

Lhansen-Love a dit…

Non, je ne parlerai pas d'échec de la démocratie!
Mais inflation de "communication" et surenchère de promesses et de baratin, ça oui!
Là où je ne vous suis pas , c'est " principe de réalité dans la rue"!
Réalité: intérêts particuliers?
Chacun descend dans la rue pour défendre des intérêts particuliers (Touche pas à "ma" fac, on ne sait jamais, ça pourrait être enocre pire avec des fonds privés..
Touche pas à la médecine, (on ne veut pas aller travailler à al campagne!)
Touche pas au tabac, sinon, on ferme boutique (les buralistes)
Touche pas aux motos, aux taxis...
Touche pas à ma retraite (passons!)
Touche pas au divorce (les avocats), c'est notre gagne pain Et ainsi de suite..

Au contraire, à mes yeux (cf Rousseau et Montesquieu), la démocratie instaure des lois qui ne sont légitimes que si elles sont l'expression de la volonté générale...
Quant au "travailler plus etc..." c'est un slogan, ce n'est pas une loi. Il n'y a pas de légitimité, évidemment...C'est purement incantatoire...

Anonyme a dit…

Bonjour,
Je me doutais bien que le renversement que j'opérais allait vous chagriner. La rue comme réalité et le discours comme plaisir.
Mais j'ai bien dit discours et non lois. Je suis tout à fait d'accord avec vous et aussi avec Montesquieu. La loi est l'expression générale et certainement pas l'expression d'intérêts particuliers. Donc celui qui manifeste contre la loi manifeste contre lui-même en tant que membre du corps politique.
Or, la gauche étant aphone à l'assemblée (c'est là que les choses sérieuses se passent) la loi ne peut pas être considérée comme l'expression de la pluralité qui est le socle de la volonté générale.
A l'assemblée aussi l'intérêt particulier semble être défendu, pour preuve les multiples opérations de lobbying parfois bien frileusement dénoncées, dont elle est le théâtre.
Donc échec de la démocratie parce que l'intérêt particulier prend en otage l'assemblée, la loi est une loi qui promeut ou défend des intérêt de classe (la fiscalité, les délits financiers, les héritages, etc.).
Le personnel politique donne l'exemple, le député de ma circonscription est le premier à voter le budget (de l'éducation, de la justice et de la santé) donc les suppressions de poste induites, mais c'est aussi le premier (parce qu'il est conseiller général) à venir manifester avec ses électeurs, les maires, les conseillers régionaux, le ban et l'arrière ban, contre les mêmes suppressions.
Une loi qui est vraiment l'expression de la volonté générale est incontestable. Mais une loi qui est l'expression d'intérêts particuliers (divergents) est à la fois inapplicable; incohérente et injuste et elle n'aura de loi que le nom et ne sera qu'une annonce (voilà pourquoi

Lhansen-Love a dit…

Aucune loi n'est jamais incontestable!
Et si la gauche est "aphone " à l'assemblée, à qui la faute? Sinon à la gauche?
La solution n'est pas la défense des corporatismes dans la rue, mais la prise en charge des intérêts de tous par la gauche.Pourquoi n'est-ce pas le cas? Et pourquoi la gauche est-elle perçue comme étant inaudible, sinon parce qu'elle ne paraît pas se soucier le la volonté générale, précisément?

Anonyme a dit…

Soit la gauche est inaudible parce qu'elle n'a comme unique souci que de survivre et que son personnel est carriériste.
Donc plus de gauche.
Plus de gauche donc plus d'opposition.
Plus d'opposition, donc plus de démocratie.
Plus de démocratie donc protestation dans la rue.
Si la rue est occupée, ce n'est pas par des citoyens mais par des individus. La rue n'est pas l'expression d'une opposition mais d'une colère.
Et cette colère est réelle.
Et ce ne sont pas les annonces de délocalisations d'Airbus et de Dassaut en zone Dollars qui risquent de calmer le jeu.
Mais comme la gauche considère que la mondialisation est le produit de la loi naturelle et qu'elle est dans l'ordre des choses... Il faut se préparer à de nombreuses grèves à répétition et à de nombreuses colères.
A moins que la droite et ses alliés du patronat ne puissent continuer d'acheter le calme. Quand on ne produit pas le calme par la politique, on l'achète en liquide, en coupe du monde, jeux olympique.
Echec massif donc de la démocratie. Ce n'est pas la dictature pour autant, certes. La presse est libre, les journaux sont indépendants, la justice fonctionne bien, les juges sont libres et bien payés, on ne met pas de journalistes en prison, on n'en assassine pas non plus, on ne les fait pas taire à coup de dizaines d'instruction, etc. Je me demande comment sérieusement qualifier cette façon de pratiquer le pouvoir. Pensez-vous qu'il y ait une sorte de mouvement général de la démocratie vers une forme plus sournoisement autoritaire de gouvernement, vers une manière de faire de la realpolitik où l'intérêt supérieur de l'Etat serait confondu avec l'intérêt supérieur de quelques uns. Existe-t-il une continuité, un lien entre la méthode Bush, celle de Sarkozy, celle de Poutine, celle de Berlusconi, etc. ? Est-ce vraiment nouveau, peut-être que les turpitudes passaient mieux dans un contexte de guerre froide ?

Anonyme a dit…

Je ne réponds pas à Florian mais reprends le problème de départ.
Je ne suis pas non plus expert en la matière, je pose simplement une question.
On peut évoquer Montesquieu et Rousseau justement.
Montesquieu, contrairement à Rousseau pour qui la représentation = trahison de la volonté générale, était en faveur du mandat représentatif. Ce mandat suppose que l'élu n'a pas en permanence une épée de Damoclès sur la tête comme le souhaitait Rousseau avec son mandat impératif.
Mais ce mandat représentatif repose sur une hypothèse de départ très forte qui est volonté de l'électeur = volonté de l'élu. D'où notre problème : cette hypothèse semble être pour le moins remise en question ! Lorsque l'électeur ne s'identifie plus à l'élu (ni même à 'son' élu), nos démocraties qui demeurent représentatives en prennent un sacré coup (abstentation, partis extrêmes qui remontent etc). N'est-ce pas "simplement" pour celà que l'aval du Parlement ne suffit plus à légitimer une loi ? Enfin je crois que je ne dis rien de très nouveau : problème de représentation.
Donc pas échec de LA démocratie mais plutôt limite de nos institutions ?