samedi 23 février 2008

Le régime sarkozyste s'apparente-t-il à une monarchie élective?


Voici la réponse de Hugo Billard, que je remercie! Webpédagogie

6 commentaires:

Anonyme a dit…

A lire sur le site de Courrier international l'éditorial de El Pais. NS y est qualifié de "monarque philosophe"...et aussi de "grand malade". La RATP n'a pas apprécié et a refusé d'afficher la Une de Courrier International dans les couloirs du métro. Quant au groupe Lagardère, il a diffusé le journal dans ses points presse Relay mais en masquant l'accroche incriminant Sarkozy.

Lhansen-Love a dit…

Pourquoi "philosophe"?

Anonyme a dit…

Voici l'article

ESTOCADE • Sarkozy, ce grand malade
Pour le directeur adjoint d’El País, le président français “se vautre dans l’exhibitionnisme” et “rabaisse la République au niveau de Monaco”. Une charge violente contre un Sarkozy atteint d’une “incurable hypertrophie de l’ego”.


AFP


Les Français ont un problème. Ils croyaient avoir un superprésident, un hyper dirigeant capable de les sortir de la dépression et de la décadence, et voilà qu’ils ont écopé d’un président comme ils en ont déjà connu beaucoup d’autres : à savoir malade, limité, qu’il faut dorloter et protéger tout en s’organisant pour que la France tourne et que le gouvernement et les institutions fassent leur devoir. La situation n’a rien d’inédit : Pompidou et Mitterrand étaient déjà des présidents malades et diminués. Le premier est même mort avant la fin de son mandat. Quant à Chirac, il fut un obstacle paralysant pendant une bonne partie de sa présidence. La maladie dont souffre Sarkozy n’a pas la gravité du cancer de la prostate de Mitterrand, mais elle touche un organe vital s’il en est : l’ego. Celui du président est d’évidence atteint d’une hypertrophie probablement incurable.
Plus on s’approche du 9 mars, date du premier tour des élections municipales, plus la nervosité des candidats du parti présidentiel augmente et plus on redoute les interventions de Sarkozy, susceptibles de faire perdre des voix à l’UMP. Le parti du chef de l’Etat est divisé à cause de tensions qu’il a lui-même créées. Le traitement qu’il a infligé en public aux uns et aux autres, y compris à certains de ses collaborateurs les plus proches, est digne du comportement d’un monarque bilieux et capricieux avec ses laquais. Même son actuelle impopularité est extravagante : elle ne s’explique pas par un train de réformes puisque ces dernières sont encore largement inappliquées. Elle s’explique uniquement par son comportement public.

Un triomphe de sultan, seigneur en son sérail

Le trône qu’occupe Nicolas Sarkozy a été imaginé par de Gaulle pour lui permettre d’être le troisième larron d’un monde bipolaire. Le président français voulait être un fier contrepoids occidental dans l’affrontement entre Washington et Moscou. Or Sarkozy, arrière-petit-fils libéral et proaméricain de De Gaulle (après le petit-fils, Chirac, et le fils, Pompidou), s’est installé sur le trône élyséen porté par son ambition personnelle et sa conception égotique de la présidence : il a par le fait encore accru les pouvoirs de la présidence. Et, une fois parvenu à ses fins, il s’est consacré à lui-même, comme un ado narcissique obnubilé par ses sentiments et ses plaisirs. Certes, le pouvoir peut en apporter beaucoup, mais la prudence conseille de ne pas trop en faire étalage. Sarkozy le téméraire fait tout le contraire et se vautre dans l’exhibitionnisme.
C’est sur trois points précis qu’est venu se briser le personnage : l’économie, qui n’a pas enregistré la moindre amélioration depuis son arrivée ; son idéologie plus néocons, voire “théocons”, que gaulliste – en témoignent des prises de position sur la laïcité contraires à la culture de la République ; et sa vie privée, étalée dans les médias. En monarque thaumaturge qui par une simple imposition des mains devait augmenter le pouvoir d’achat, il a échoué au point de prononcer la formule maudite qui rompt les sortilèges : “Qu’est-ce que vous attendez de moi ? Que je vide des caisses qui sont déjà vides ?” En monarque philosophe, il a manifesté les plus fortes réserves vis-à-vis des traditions républicaines, en exprimant avec désinvolture son affinité intellectuelle avec le pape. Il n’a pleinement triomphé que dans le rôle de sultan, seigneur en son sérail, paré des atours qui passionnent un certain public – et manifestement aussi ses pairs. Le voilà fasciné par son propre pouvoir de séduction, son goût exquis et sa désinvolture. Mais ce triomphe-là a le don de déprimer beaucoup de Français car il rabaisse la République au niveau de la principauté de Monaco.
Lluís Bassets
El País

Lhansen-Love a dit…

Merci beaucoup.. C'est brillant,assez convaincant; mais quelle violence!
Pourquoi tant de mépris, tant de haine?
C'est vraiment du "lynchage". Tout de même, c'est unilatéral!

Lhansen-Love a dit…

Suite réponse nrf.
Ce sont tout de même les français qui sont responsables de cette situation .
Ils connaissaient son caractère. Ils connaissaient ses options atlantistes et libérales. Toutes les réformes (retraite, université, politique fiscale, justice, morale à l'école etc....)
Il fait ce qu'il a dit. Alors pourquoi les français sont-ils 80% (je crois) à désapprouver, entre autre, sa politique économique, alors qu'il fait exactement ce qu'il avait dit qu'il ferait...
Plu^tôt que de s'en prendre à Sarkozy, on ferait mieux d'essayer de comprendre pourquoi les français haïssent si vite ce qu'ils ont adoré six mois avant (c'est la règle, ce n'est pas l'exception!).

Anonyme a dit…

je suis entièrement d'accord avec ce dernier commentaire.

je pense par ailleurs que de nouvelles surprises ne sont pas exclues. Quand les média et la classe politique médiatique manifestent une trop grande unanimité, il y a une France populaire qui se venge. Jospin en a fait les frais, comme la constitution européenne. En ce moment, la mode est à l'antisarkosisme caricatural (dans des journaux qui nous expliquaient hier que la presse était muselée), et les participants me semblent jouer sans toujours s'en apercevoir contre leur propre camp, à plus ou moins long terme. Ils évoquent, de ce point de vue, la gauche italienne quand elle perdait pour avoir trop caricaturé Berlusconi.

La caricature finit par être contre-productive, et elle reporte encore le temps du débat démocratique de fond, et la réforme de la gauche.

Baptiste J.