samedi 15 mars 2008

Les animaux ont-ils des droits?

Message de Nicolas Morin :
Jeudi prochain (20 mars) nous organisons une conférence à l'IEP, à 19h15 .
Nous invitons Jean-Baptiste Jeangène Vilmer ( http://www.jbjv.com/ ) à l'occasion de la sortie de son livre "Ethique animale" (préfacé par Peter Singer) aux PUF.



Voici la 4e de couverture de son livre : "Les animaux ont-ils des droits ? Avons-nous des devoirs envers eux ? Dans quelle mesure peut-on les tuer pour se nourrir, se divertir, faire de la recherche, enseigner, faire la guerre ? En quoi l'élevage industriel est-il problématique ? Pourquoi le foie gras est-il interdit dans certains États ? Quels sont les enjeux éthiques des animaux transgéniques ? Faut-il abolir la corrida, la chasse aux phoques, l'utilisation d'animaux sauvages dans les cirques ? Quelles sont les motivations du terrorisme animalier ?L'éthique animale est l'étude du statut moral des animaux, c'est-à-dire de la responsabilité des hommes à leur égard.

Pour la première fois dans le monde francophone, cette discipline d'origine anglo-saxonne est introduite dans un style clair et pédagogique, dans une perspective interdisciplinaire, à la fois théorique et pratique, qui s'adresse autant aux étudiants et aux chercheurs qu'aux professionnels de la protection animale et au grand public."

12 commentaires:

Anonyme a dit…

hélas je n'habite pas sur paris, mais je serais bien curieuse de savoir ce qu'on dit sur les "droits des animaux". Je suis allée jeter un coup d'oeil sur le site de Peter Singer (spécisme) et quelle drôle d'impression que de voir l'être humain mis à égalité avec les autres mammifères.... Moi j'en reste à l'injonction de la Genèse : l'homme responsable de la création, ce qui me convient très bien. Avez vous des conseils de sites ou de lecture sur cette passionnante question ? Etudie-t-on cela en lycée ou en prépas ?
nathalie 01 (mais j'ai passé l'âge de la prépa, c'est par curiosité..)

Lhansen-Love a dit…

On n'étudie pas vraiment cela en prépa, sauf que cette année un sujet de IEP est l'environnement, or , les animaux, cela fit aprtie de la nature , donc de l'environnement..

Anonyme a dit…

Intéressons nous d'abord au droit des hommes avant celui des animaux, je crois que l'urgence est plus nette à ce niveau-là..Allez parler du droit des animaux à un enfant africain ou asiatique souffrant de rachitisme et on verra ce qu'il en pensera.

Anonyme a dit…

Le problème c'est qu'en considérant les animaux comme partie intégrante de "l'environnement" au même titre que les végétaux on se place directement dans une perspective qui est celle de l'éthique environnementale. Pour celle-ci, en gros, les êtres vivants sont considérés par espèces, qu'ils soient animaux ou végétaux et l'accent est mis sur l'équilibre des éco-systèmes, des chaînes alimentaires etc..
Je vais reprendre les mots de l'auteur d'"Ethique animale" : "l'éthique environnementale (ou écocentrisme) conçoit l'animal dans la globalité de son appartenance à la nature : s'il compte moralement, ce n'est pas en tant que tel, mais en tant qu'il est un membre de la communauté biotique."

Le point de départ de l'éthique animale est la capacité à éprouver de la souffrance/plaisir. Dès lors, on ne raisonne plus par espèce (une espèce ne "souffre" pas) mais à l'échelle individuelle : l'animal en tant qu'individu sensible (ou bien "sentient" pour reprendre le terme anglo-saxon). La perspective est donc très différent, l'éthique animale est individualiste.

Je n'ai pas un avis très précis sur ces approches, mais je dirais qu'aucune ne me convient vraiment. Si on se place dans une perspective strictement environnementale, on condamnera l'élevage industriel uniquement en tant que source immense de pollution. De même, celui qui se réclame de l'éthique animale pourra couper un arbre, écraser des fourmis ou arracher des fleurs sans aucun remords..

Lhansen-Love a dit…

je ne vois pas du tout en quoi la question animale ferait du tort aux enfants du quart monde. Notre inquiétude ne répond pas à la logique des vases communiquants. La sollicitude à l'égard des uns ne prive pas les autres...

Anonyme a dit…

C'est vrai et je suis tout à fait d'accord (l'idéal serait de progresser dans les deux domaines) mais il faut être réaliste: la question des animaux est une manière de se détourner des vrais problèmes et il faut savoir hiérarchiser. Or je pense que les conditions environnementales passent derrière les considérations humaines. Un sujet en élude souvent un autre, et il ne faut pas croire que l'on a bonne conscience parce qu'on défend les baleines. Placer les enfants (mais aussi les adultes et les vieillards)du tiers-monde au centre des débats ne pourrait être que profitable. Or depuis quelques années, la question environnementale supplante tout. Le bien-être ce n'est pas seulement de vivre dans un monde sain, c'est de voir que tout le monde en profite.

Lhansen-Love a dit…

Non, la question des animaux n'est pas une manière de détourner des vrais pbs...
La preuve: Rousseau, le plus ardent défenseur des droits de l'homme pour les temps modernes est aussi - comme c'est curieux- un des plus farouches artisans de la cause animale..
Vous devriez lire E. de Fontenay, qui n'a jamais manqué un RV concernant les droits de l'homme ces dernières années et qui a trouvé le temps d'écrire "Le silence des bêtes"

Anonyme a dit…

Je ne dis pas que chez les intellectuels la question ne se pose pas, je parle des médias de masse qui font régulièrement leur édition sur l'environnement en éludant les problèmes humains. Je me place au niveau du citoyen de base, qui a l'impression (parce que c'est l'impression qu'on lui donne)que l'environnement est une question "à valeur ajoutée" alors que la misère dans le monde n'est qu'un poncif obsolète. Ce que je regrette, c'est que les grandes questions qui nous préoccupent (ou devraient nous préoccuper) soient plus des effets de mode que les objets d'une véritable réflexion dans les médias( d'ailleurs la misère dans le monde était un sujet phare dans les années 1980-on se rappelle tous de "we are the world, we are the children"- mais depuis c'est silence radio ou presque). C'est pourquoi je pense qu'il faudrait recentrer le "grand débat moral" plus sur cette question car à n'en plus parler ou à trop en parler de la même manière dans les médias, la misère disparait des préoccupations ou devient normale. Aujourd'hui l'opinion publique condamnerait presque plus sévèrement un patron de multinationale parce que ses usines émettent trop de CO2 que parce qu'il exploite des enfants africains ou détourne de l'argent à son profit.

Anonyme a dit…

Oui..L'essentiel est de considérer ce combat comme inclus dans une perspective très large de lutte contre l'indifférence, l'exploitation, la cruauté, la barbarie.
Comme l'a précisé Laurence, pas besoin d'être anti-humaniste pour être attentif au sort des animaux..bien au contraire.
Et il faut même aller plus loin : dès lors qu'il s'agit d'humaniser les relations de l'homme envers toute forme de vie (humaine, animale, végétale), on voit bien qu'il n'y a pas lieu de dissocier 'cause animale', 'cause humaine', 'cause environnementale'.. Le respect de l'Autre et de la Vie en général est la motivation profonde dans tous les cas. Et je le répète, je crois qu'il est essentiel de voir les liens entre misère humaine, misère animale et détresse de notre planète..
Une fois que ces liens apparaissent évidents, la perspective est très large et on ne procède pas par exclusion : les animaux au détriment des humains, l'humain au détriment de l'environnement etc..

Il y a de très nombreux auteurs qui ont discuté de ces liens justement...je peux citer quelques jolies paroles pour finir :

"Tant qu'il y aura des abattoirs,il y aura des champs de batailles". C'est Tolstoi qui pensait cela.

Ou bien Lamartine qui disait qu'"on n'a pas un cœur pour les humains et un cœur pour les animaux, on a un cœur ou on n'en a pas"..

En enfin, une phrase d'Elisabeth de Fontenay qui décrit plutôt bien ce qu'est devenu notre rapport aux autres être vivants :
"La cruauté dont il s'agit dès lors, porte un nom tout simple : l'indifférence. Nous ne sommes pas sanguinaires et sadiques, nous sommes indifférents, passifs, blasés, détachés, insouciants, blindés, vaguement complices, pleins de bonne conscience humaniste, et rendus tels par la collusion du rationalisme, de la tradition catholique, de la techno-science et de l'horreur économique. Le fait de ne pas savoir ce que d'autres font pour nous, de ne pas être informés, loin de constituer une excuse, accable ces êtres doués de conscience et de responsabilité que nous prétendons être".

Bref, il n'y a pas lieu de parler de 'vrais' ou de 'faux' problèmes..

Anonyme a dit…

Oh, et j'allais oublier le mot de Lévi-Strauss..On ne peut exprimer plus clairement ce que je tentais de décrire avec difficulté :

"Depuis une quinzaine d'années, l'ethnologue prend davantage conscience que les problèmes posés par la lutte contre les préjugés raciaux reflètent à l'échelle humaine un problème beaucoup plus vaste et dont la solution est encore plus urgente ; celui des rapports entre l'homme et les autres espèces vivantes, et il ne servirait à rien de prétendre le résoudre sur le premier plan si on ne s'attaquait aussi à lui sur l'autre, tant il est vrai que le respect que nous souhaitons obtenir de l'homme envers ses pareils n'est qu'un cas particulier du respect qu'il devrait ressentir pour toute forme de vie"

Lhansen-Love a dit…

Je ne vois pas en quoi si on parle de l'environnement "on élude les vrais problèmes"..
Aujourd'hui il y a un article dans le Monde qui explique que les Océans deviennent une soupe de plastique, et que les poissons s'empiffrent de sac en plastique, et après nous les mangeons, plastique inclus...
Il ne faudrait pas en parler, pour ne pas "éluder les vrais problèmes"?

(pauvres poissons, pauvres humains, pauvres générations à venir!)
Tous les enfants sont concernés par les désastres écologiques, pas seulement les enfants du tiers-monde, c'est vrai!

Lhansen-Love a dit…

merci pour les citations Nicolas M.!