vendredi 9 mai 2008

Eloge du GTA 4 par Olivier Séguret


Je n'ai pas très bien compris la fin du papier sur le "diamant politique" (????)

Je livre en tout cas ce texte à votre réflexion...
Notre débat est ci-dessous... (Tous gangsters)

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous n'avez pas bien compris la fin ? J'avoue humblement que je n'ai rien compris. Ou peut-être ai-je compris que ce n'était pas compréhensible. On parle d'avant et après.. mais il vient à peine de sortir, pour qu'il y est un après, il faut un peu de recul non ? Ce n'est pas qu'une sortie commerciale mais c'est avant tout une sortie commerciale, ce jeu serait la conscience d'une époque nouvelle ? Il sortirait le jeu video de la semi-clandestinité... Tant de contradictions, de grandiloquence, de slogans confondus avec une démonstration... Mon petit entendement se sent totalement dépassé.
Puis, il y a effectivement cette métaphore diamantaire. Là, les bras m'en tombent.
Puis je me dis, que tout cela est tellement insensé, bavard, verbeux qu'il est impossible que l'auteur ait eu un instant l'intention d'être pris au sérieux. C'est une blague, du second degré, une farce.
Mais peut-être suis-je optimiste en considérant que ce texte puisse être une farce. Faire de GTA un jeu révolutionnaire, c'est faire comme Free qui, il ya quelques année faisait sa publicité avec Guevara, Marx, Lenine, etc., plus proche de nous comme cette agence d'intérim qui utilise l'image de Gandhi ou de Coluche (on appréciera à sa juste mesure le télescopage des deux personnalités) ou encore comme Beigbeder qui fait la pub pour un grand magasin avec Baudrillard en main.

Ce "phénomène" GTA, la verve dévote du "papier" du journaliste de Libération me fait penser à ce que Dany-Robert Dufour écrivait dans "l'art de réduire les tête" (Denoel, 2003, 235-236) :
C'est ainsi qu'aujourd'hui « les seules contraintes justifiables sont celles des échanges marchands » (T-A Taguieff Resister au bougisme, 2001). Le seul et unique impératif admissible est que la marchandise circule. De sorte que toute institution venant s'interposer entre les individus et les marchandises ses références culturelles et morales est désormais mal venue. Le nouveau capitalisme a en somme très vite repéré le parti qu'il pouvait tirer de la contestation. C'est ainsi que le néo-libéralisme promet aujourd'hui « un impératif de transgression des interdits » qui confèreà son discours un parfum libertaire, fondé sur la proclamation à 'autonomie de chacun et sur l'extension indéfinie de la tolérance dans tous les domaines. C'est pourquoi il porte avec lui la désinstitutionnalisation : il faut non seulement moins d'Etat, mais moins de tout ce qui pourrait entraver la circulation de la marchandises.
Or, ce que produit immédiatement cette désinstitutionnalisation, c'est bien une désymbolisation des individus. La limite absolue de la désymbolisation, c'est quand plus rien ne vient assurer et assumer l'acheminement des sujets vers la fonction symbolique en charge du rapport et de la quête de sens. On n'y est jamais vraiment, mais enfin, quand le rapport de sens défaille c'est toujours au détriment du propre de l'humanit, la discursivité, et au profit du rapport de force.
Ce que vise le nouveau capitalisme aujourd'hui, c'est le noyau premier d'humanité : la dépendance symbolique de l'homme. Il n'est donc pas étonnant que notre espace social se trouve de plus en plus envahi par de la violence ordinaire, ponctué par les moment d'acmé de l'hyper-violence, accidents catastrophiques que les conditions ambiantes rendent désormais possibles. La boucle est ainsi bouclée : la logique néo-libérale produit des sujets qui, fonctionnant précisément à la loi du plus fort, renforce encore cette logique.

Anonyme a dit…

Il est assez ahurissant de voir à quel point des personnes étrangères au monde du Jeu-Vidéo sont incapables ne serais-ce que d'approcher la logique qui lui est propre. Ce phénomène d'incompréhension est la cause directe du rejet dont il fait preuve: "Je ne joue pas aux jeux-vidéos, je ne comprends pas qu'on puisse y jouer, donc je n'aime pas". Assimiler un jeu comme GTA IV à un produit purement marketing issu d'une logique néo-libérale et s'en servir comme seul argument pour le détruire reviendrait à dire qu'un film ne peut pas être bon si il est accompagné d'un marketing conséquent et qu'il est unanimement apprécié des spectateurs: la trilogie de Francis Ford Coppola deviendrait donc une merde innommable.
En dehors de toute considération idéologicopoliticoconservatrice, GTA IV est un jeu, il est extrêmement beau, magnifiquement jouable et terriblement divertissant. Que ce produit soit issu de quoi que ce soit, son but n'est il pas de toute façon atteint ?
Et qu'on ne vienne pas me dire que ce genre de jeu cause des violences pour l'amour du ciel ! Cette affirmation est pour moi une des pires hypocrisies imaginables (comparable au comportement américain consistant à affirmer que s'il y a des massacres dans les lycées "c'est la faute aux films et jeux violents" et non à la libre-circulation des armes).
J'adore (je vénère) l'immoralité perverse du Parrain où l'on prend tout au long de ces trois chefs-d'oeuvre le parti de la Mafia, je ne condamnerais donc pas la violence immorale de GTA.

Lhansen-Love a dit…

Un jeu? Soit.
Extrêmement beau. Sans doute, puisque vous le dites... En tant que jeu.
Le problème de savoir si le fait de jouer à tuer est un jeu anodin.
Bien sûr on compare avec le cinéma.
Mais il y a là une différence tout de même. Le joueur est actif, il n'est pas seulement spectateur comme dans le théâtre grec...
Ce n'est qu'un jeu..
Jouer est toujours bien. Un enfant qui joue à la guerre , c'est très bien (encore que...). Mais un adulte qui joue à tuer?
Quant au Parrain...une sorte de tragédie moderne. Soit.
Personnellement je ne dis pas que les jeux vidéos incitent à la violence. Je dis qu'ils reflètent des fantasmes qui sont un peu inquiétants. On peut dire ça, en restant modéré, non?
Pourquoi les hommes aiment-ils tant s'amuser en tuant?

Anonyme a dit…

Mon cher anonyme je vous trouve bien exalté, ce n'est pas parce que vous adorez l'immoralité perverse du Parrain que GTA en devient défendable et à élever au rang de chef d'oeuvre. Le Parrain est un spectacle que je sache pas un jeu vidéo. Vous m'avez l'air cultivé, vous ne pouvez pas vous permettre de mettre Coppola sur le même niveau que les graphistes (sans doute talentueux) de GTA.
Par ailleurs vous partez du principe que ceux qui critiquent le jeu vidéo sont ignorants, ne jouent pas ne savent pas ce que c'est. Qu'en savez-vous ? J'ai passé des soirées délirantes à jouer en réseau à Carmagedon, et j'ai même joué à GTA figurez-vous. Carmagedon par son esthétique foutraque de dessin animé mal foutu me faisait rire. Ce prendre pour un fou du volant post-punk ou pour satanas et diabolo sous acides pourquoi pas.
Je ne veux pas jouer au père la morale, finalement le contenu de GTA n'est pas nouveau. Ces gens n'ont rien inventé. On aime bien les méchants, dans les James Bond, par exemple ce sont les personnages les plus intéressants, Lecter est le personnage le plus intéressant du Silence des agneaux, Eugene Hunt est le personnage le plus intéressant de Blue Steel, le T-800 et le T-1000 sont aussi ceux qui volent la vedette dans les Terminator; Vador lui-même devient plus intéressant que Luke et devient même le personnage principal de la seconde trilogie (je sais mais qui est la première). Inutile d'empiler les exemples, les méchants fascinent. Cette fascination est constructive à condition qu'elle en reste une, on sait qu'on ne deviendra jamais un t-1000. Le pouvoir d'identification, d'attraction, la puissance hypnotique des jeux video ultra réalistes, ultra jouables, ultra fluides me semble bien loin de ces vertus carthatiques des histoires qu'on raconte, qu'on se raconte et qu'on voit. (Ne venez pas hurler sous prétexte que je ne connais rien au jeux de rôles, ma mère peut en témoigner, j'ai passé plus de temps qu'il aurait fallu à jouer à AD&D et à Call of Cthulhu).
Dans le romans, la légende, le mythe, le cinema, le jeu de rôle (sans mettre tout cela sur le même plan), il y a une expérience vécue, une mise à distance (sinon pas de spectacle, pas d'imagination, pas de participation... je sais bien que je ne suis pas Randolf Carter, que je ne suis pas Mithrandir ou Aragorn fils d'Arathorn), mais ce que je reproche à ces jeux c'est leur capacité d'envoutement, leur pouvoir d'immersion. Quand on joue, on est dans le jeu. On apprend quoi quand tout est permis ? Les enfants apprennent en jouant, ils grandissent en jouant. Un acteur apprend en jouant... dites moi donc ce que vous gagner à passer 3 heures sur GTA ? Vous sentez-vous plus vous-même, mieux vous-même, vous sentez vous grandi ? Aurez vous des choses à dire à vos amis à propos de ce que vous venez de vivre, à vos parents, plus tard à vos enfants ?
"Tant que tu le peux améliore toi" c'est une phrase que Marc-Aurèle ne cesse de se répéter. Belle sagesse n'est-ce pas ? En quoi GTA nous améliore ? Est-ce que cela nous divertit même ? Si tant est que l'on donne à divertir un sens pascalien, parce que nous faire plonger au coeur de nos fantasmes (sans même se donner les moyens de les sublimer, de l'es dépasser, de les transcender, de les ritualiser... etc.) ce n'est pas vraiment se divertir, tout au contraire.
Je suis néanmoins d'accord sur un point avec vous : GTA atteind son but (j'oserai même ses buts à savoir : faire des bénéfices et faire un peu plus avancer l'idéologie ultra-libérale). Est-ce défendable ? Sans doute mais dans ce cas il faut savoir exactement ce qu'on défend. Un tel objet n'est pas qu'un jeu, c'est un enjeu surtout économique dont les conséquences ne peuvent pas être neutres. On ne peut en sortir indemne.

Anonyme a dit…

florian, belle argumentation mais pourquoi vouloir absolument en faire une marche en avant vers l'ultra-libéralisme. Tuer des gens c'est pas bien, mais quel est le rapport avec la logique marchande que vous prêtez à ce jeu!!Le jeu vidéo est l'incarnation et la réalisation de la transgression de l'interdit sur petit écran: on peut tuer, voler, rouler vite, gagner de l'argent illégalement sans rien risquer. Voilà la vraie signification d'un jeu comme GTA, et on peut l'étendre à beaucoup d'autres (CounterStrike, Gran Turismo...). Je suis attérer de voir la progression du sexe, de la violence et de la drogue sur nos écrans et dans nos sociétés(cf.le nouveau clip de Justice, "Stress") mais il n'empêche que j'ai passé quelques bonnes soirées avec des amis à ce jeu (GTA3 en fait) même si ce n'est pas l'un de mes préférés; ce jeu ne doit pas être mis dans toutes les mains, mais de la même façon que tous les films ne peuvent pas être vus par tous (films pornographiques qui présentent une image dégradée et dégradante de la condition féminine et qui sont le premier contact de nombreux jeunes à la sexualité, ou bien encore des films d'horreur comme "Scream":un jeune américain avait tué ses parents après avoir mis le masque du meurtrier du film).
Mais, je ne vois pas en quoi ce jeu incarne l'utra libéralisme plus que tous les films qui sortent ou les autres jeux..je trouve cela très réducteur et trop facile.Et puis les tenants du néo-libéralisme américain sont les conservateurs garants de la morale (que ce jeu bafoue); on peut être pour une réduction de l'Etat en matière économique et pour un certain maitien de la morale.