samedi 31 mai 2008

Cliché en philosophie, suite
























Un beau cliché, un bon, bien propre et net , imparable, indiscutable, et indémodable:
"La guerre rend les hommes barbares" (merci à Mathilde de me fournir cet exemple).
Oui bien sûr.
Sauf que: pour Freud, par exemple, la guerre ne nous "rend" pas barbares, mais laisse le champ libre aux pulsions de mort, dans la mesure où elle "abolit le blâme" (Considérations sur la guerre et sur la mort)
Voici ce qu'ont écrit, par ailleurs, le socialiste P. J. Proudhon, et le pacifiste Alain:
" Les loups, les lions, pas plus que les moutons et les castors ne se font entre eux la guerre : il y a logtemps qu'on a fait de cette remarque une satire contre notre espèce. Comment ne voit-on pas, au contraire, que la est le signe de notre grandeur; que si, par impossible, la nature avait fit de l'homme un être exclusivement industrieux et sociable, et point guerrier, il serait ombé, dès le premier jour, u niveau des bêtes dont l'association forme toute la destinée; il aurait perdu, ave cl'orgueil de son héroïsme, sa faculté révolutionnaire, la plus merveilleuse de toutes et la plus féconde " ( La guerre et la paix)
"La guerre est la fin de toutes les passions, et comme leur délivrance[... ]La guerre n'est pas une solution. Elle est la solution. Le jaloux tue avec joie; l'horreur ne vient qu'ensuite" ( De la violence, in Eléments de philosophie)


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir Mme Hansen Love

Lectrice fidèle, bien que peu bavarde, je me permets de franchir la pas. Eleve de première, je participe au club philo de mon lycée. Je m'explique: chaque semaine, les profs de philo organisent un débat ouvert à tous. Cette très bonne iniative nous permet de nous familiariser avec cette nouvelle matière, la philosophie, tout en sortant du cadre strict de la scolarité.Prochain thème: "Notre existence a t elle un sens? est elle absurde?". C'est à moi de l'introduire, j'aimerais éviter de tomber dans la pensée préconçue et dans les clichées.

Je pensais aborder l'existentialisme et l'absurde camusien mais je ne parviens pas à les différencier clairement, je vous serais gré de bien vouloir m'éclairer.

Je n'ai lu de Sartre que Les mouches et Les mots. Le personnage d'Oreste est l'incarnation de la liberté. Libéré de toute transcendance, il lutte contre l'autorité morale et politique en assumant pleinement les conséquences de ses actes. Chaque homme est maître de son existence. Pour Sartre, les Français n'ont jamais été aussi libres que durant l'occupation. Sartre et Camus ont une explication du nazisme totalement divergente. Pour le premier, il est le résultat d'un concours de circonstances: crise économique, crise politique et nationalisme exacerbé. Pour le second il est la manifestation d'un mal omniprésent dans la nature humaine (confere la peste brune dans La peste).
Certes, je m'éloigne du sujet d'origine mais c"est la seule différence notoire que je parviens à expliciter entre les deux auteurs. Dans l'étranger, Meursault est sensible à la nature, il est dépourvu d'ambitions, son existence végétative ne lui procure qu'un bonheur illusoire. Epicuriste? Il refuse de se plier aux codes sociaux, il refuse le conformisme , l'hypocrisie sociale. Au fur et à mesure, il s'éloigne de l'humanité qui vit en feignant d'ignorer le problème métaphysique majeur auquel nous sommes tous confrontés: la mort. Meursault, condamné à la peine capitale, commence une longue introspection qui lui fait reconsidérer le temps, qui lui procure la sérénité pour affronter cette épreuve immuable...

J'arrête là de peur de vous ennuyer.Merci pour vos blogs, vos conseils avisés, votre dévouement...

Au plaisir de vous lire
Bonne soirée!

Lhansen-Love a dit…

Cher Castor,
Tout ce que vous dites est très intelligent, très juste...
Qu'attendez-vous de moi?
Avez-vous lu "L'existentialisme est un humaniste?"
Vous verrez que l'existentialisme n'est pas une philosophie de l'absurde. C'est une philosophie athée , engagée , volontariste; Sartre fut marxiste, Camus pas du tout. Camus était plutôt désespéré, Sartre pas du tout, même s'il a dit "l'homme est une passion inutile" et même s'il a écrit la Nausée. Sartre est humaniste, et il croit à l'action politique et au progrès, comme l'a montré son angagement en mai 68