mercredi 16 avril 2008

La religion est l'opium du peuple (Karl Marx)





Dans la mesure où la religion, selon Marx, rend l’oppression supportable, elle peut être comparée à un stupéfiant. Cependant, la religion n’est que le symptôme d’une aliénation plus générale et plus profonde. La critique des idéologies religieuses engage nécessairement une critique radicale du système économique et politique qui la sous-tend.





"La religion est le soupir de la créature opprimée, la chaleur d’un monde sans coeur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple.
Abolir la religion en tant que bonheur illusoire du peuple, c’est exiger son bonheur réel. Exiger qu’il renonce aux illusions sur sa situation c’est exiger qu’il renonce à une situation qui a besoin d’illusion. La critique de la religion est donc en germe la critique de cette vallée de larmes dont la religion est l’auréole.
La critique a dépouillé les chaînes des fleurs imaginaires qui les recouvraient, non pour que l’homme porte des chaînes sans fantaisie, désespérantes, mais pour qu’il rejette les chaînes et cueille la fleur vivante. La critique de la religion détruit les illusions de l’homme pour qu’il pense, agisse, façonne sa réalité comme un homme désillusionné parvenu à l’âge de la raison, pour qu’il gravite autour de lui-même, c’est-à-dire de son soleil réel. La religion n’est que le soleil illusoire qui gravite autour de l’homme en tant que l’homme ne gravite pas autour de lui-même.
C’est donc la tâche de l’histoire, après la disparition de l’Au-delà de la vérité, d’établir la vérité de ce monde-ci. C’est en premier lieu la tâche de la philosophie, qui est au service de l’histoire, une fois démasquée la forme sacrée de l’auto-aliénation de l’homme, de démasquer l’auto-aliénation dans ses formes non sacrées. La critique du ciel se transforme par là en critique de la terre, la critique de la religion en critique du droit, la critique de la théologie en critique de la politique".
Karl Marx, Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel (1844), traduction A. Baraquin, dans Critique du droit politique hégélien, Editions Sociales, 1975, p197,
Photocopie en attente

2 commentaires:

Carla a dit…

Bonsoir, tout d'abord merci pour votre blog si intéressant.

Suite à cet article, je me demande: La politique ne pourrait-elle pas être, elle aussi, percue comme l'opium du peuple?
Qu'en pensez-vous?

Merci.

Lhansen-Love a dit…

Vous avez parfaitment raison. C'est le sujet d'un livre de R. Aron intitulé: L'opium des intellectuels. Je viens d'écrire un texte là-dessus: "L'homme démocratique peut-il se passer de Dieux", qui sera en ligne ces jours-ci sur le webpedagogique.
Vous trouverez aussi un billet sur le sujet que j'ai publié hier sur le site IEp du Webpédagogique, "Le prix du sang des hommes"
A bientôt!