samedi 25 octobre 2008

"Vouloir la vérité, c'est préférer l'Etre à tout..."

Voici le texte de Sartre dont la citation que j'évoquais est extraite:

"Aimer le vrai c'est jouir de l'Etre. C'est -aimer l'En-soi pour l'En-soi. Mais c'est en même temps vouloir cette séparation, c'est-à-dire refuser que l'En-soi soit identifié au Pour-soi parce qu'il perdrait sa densité compacte; c'est vouloir être glissement de lumière à la surface de la densité d'être absolue. Affirmer, c'est donc, par l'anticipation inventée et vérifiable et par le retour vérifiant à l'Être, assumer le monde comme si on,' l'avait créé, en prendre son parti, prendre le parti de l'Être (parti pris des choses), se faire responsable du monde comme s'il était notre création. Et, en effet, on le tire de la nuit de l'Être pour lui donner une nouvelle dimension d'être. Vouloir la vérité (« Je veux que tu me dises la vérité »), c'est préférer l'Être à tout, même sous une forme catastrophique, simplement parce qu'il est. Mais en même temps c'est le laisser-être-tel-qu'il-est, comme dit Heidegger. C'est donc repousser toutes les ruses identificatrices(connaissance inauthentique : appropriation - connaître c'est posséder, etc.). La connaissance authentique est abnégation, tout comme la création authentique (refuser le lien postérieur avec ce qu'on a créé). Ab-négation : nier de l'Être qu'il soit moi ou à moi ou en moi. On voit à partir de là l'origine de l'ignorance prolongée par choix et du mensonge.En réalité l'ignorance décidée n'aurait aucune raison si elle n'enveloppait pas l'idée que l'être non-révélé est un moindre être. Et c'est en le niant qu'on la combat : « A quoi ça vous sert, lui dit-on, de ne pas regarder la situation en face ? » Et, comme toujours, le point de vue « raisonnable » est à la fois vrai et faux. Vrai dans le monde humain, pratique, dans le monde des moyens où l'ontologie est masquée. Faux dans le monde ontologique. Il est exact, en effet, qu'il ne sert à rien pratiquement et dans le monde des hommes d'ignorer un fait qui gêne" Vérité et existence, p 63-65

10 commentaires:

Anonyme a dit…

olalala .....
c est durement dur ...lol
deja , " vouloir la vérité , c est préférer l etre à tout " j ai po compris .....

Lhansen-Love a dit…

Sandra, c'est pourtant simple..
Qu'est-ce que tu ne comprends pas? L'Etre, c'est la réalité; mieux vaut la regarder en face que la fuir....

Anonyme a dit…

Bonjour,
Merci pour ce beau texte de Sartre qui donne très envie de lire le livre dont il est extrait. J’en profite aussi pour vous remercier pour votre blog que je consulte tous les jours, même si je prends rarement le temps d’ajouter des commentaires. Le texte me fait penser à un passage célèbre des pensées de Pascal que je viens de relire par hasard. « La nature de l’amour-propre et de ce moi humain est de n’aimer que soi et de ne considérer que soi. Mais que fera-t-il ? Il ne saurait empêcher que cet objet qu’il aime ne soit plein de défauts et de misères : il veut être grand, il se voit petit ; il veut être heureux, et il se voit misérable ; il veut être parfait, et il se voit plein d’imperfections ; il veut être l’objet de l’amour et de l’estime des hommes, et il voit que ses défauts ne méritent que leur aversion et leur mépris. Cet embarras où il se trouve produit en lui la plus injuste et la plus criminelle passion qu’il soit possible d’imaginer ; car il conçoit une haine mortelle contre cette vérité qui le reprend, et qui le convainc de ses défauts. Il désirerait de l’anéantir, et, ne pouvant la détruire elle-même il la détruit autant qu’il peut, dans sa connaissance et dans celle des autres ; c’est-à-dire qu’il met tout son soin à couvrir ses défauts et aux autres et à soi-même, et qu’il ne peut souffrir qu’on les lui fasse voir ni qu’on les voie.
C’est sans doute un mal que d’être plein de défauts ; mais c’est encore un plus grand mal que d’en être plein et de ne les vouloir pas reconnaître, puisque c’est y ajouter encore celui d’une illusion volontaire. Nous ne voulons pas que les autres nous trompent ; nous ne trouvons pas juste qu’ils veuillent être estimés de nous plus qu’ils ne méritent : il n’est donc pas juste aussi que nous les trompions et que nous voulions qu’ils nous estiment plus que nous ne méritons. » (Pascal, Pensées)
Peut-être Sartre l’avait-il en tête en l’écrivant vu la proximité de certains aspects. Mais Sartre ajoute l’idée de jouissance et d’amour de l’être qui n’est pas présente chez Pascal, pas plus que celle d’abnégation. Peut-on vraiment faire preuve d’abnégation vis-à-vis de la vérité ? C’est un beau projet en tous cas.

Anonyme a dit…

Tu as raison, Sandra, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ....
Sartre a de bonnes idées mais il faut un (ou une, en l'occurence)
traducteur pour tout comprendre quand on est pas philosophe !
Bon courage, accroche-toi !

Lhansen-Love a dit…

merci beaucoup Eric de cette citation parfaitement pertinente!
Ce texte de Pascal est magnifique, je le garde pour un prochain devoir...

Anonyme a dit…

lol duobrio
c est sur !!
mais sartres si je relis pas un texte 6fois je pige rien !!!
en tout cas j ai plus envie de lire le passage sur Pascal laissé par eric que celui de sartres!oui paske bien sur laurence , cest SIMPLE quand on est agrégée de philo !!! et oui .lol
mais merci , je vais le relire et perséverer ...!i m a winner ^^

Anonyme a dit…

"se faire responsable du monde comme s'il était notre création. Et, en effet, on le tire de la nuit de l'Être pour lui donner une nouvelle dimension d'être."

Wow! C'est juste magnifique! Merci !
Sartre a d'après moi une incroyable faculté à exprimer des idées qui peuvent donner aux gens le désir de penser, de créer, de prendre leur vie en main.

Lhansen-Love a dit…

ah oui, je suis contente que quelqu'un apprécie...

Lhansen-Love a dit…

Eric, pourriez-vous m'envoyer svp le texte de Pascal par mail pour qu eje puisse le récupérer?
lhansen-love@noos.fr
Merci!

Lhansen-Love a dit…

Eric, j'ai le texte, mais pourriez-vous me donner sa référence?