Extrait d'un article de Frank Nouchi ce soir dans le Monde (c'est moi qui souligne la phrse de Guy Debord)
"C' est souvent intéressant les épigraphes, ces petites citations que les auteurs mettent en tête d'un livre.[...]
Parfois une citation résonne curieusement juste, en phase avec l'atmosphère du moment. Ainsi celle-ci, retrouvée par Pierre-Louis Basse dans son pamphlet Guy Môquet au Fouquet's (Editions des Equateurs). Elle est de Guy Debord : « Le spectacle organise avec maîtrise l'ignorance de ce qui advient et, tout de suite après, l'oubli de ce qui a pu quand même en être connu » . Debord dont on se dit qu'il n'a jamais été si important, si pertinent, si juste. Debord dont on aimerait qu'il fût vivant pour nous décrypter le grand spectacle de Nicolas Sarkozy.Ovationné par le Congrès des Etats-Unis puis bras dessus bras dessous avec son ami George Bush devant la demeure historique de George Washington à Mount Vernon, sur les bords du fleuve Potomac, en Virginie - Irak ? Vous avez dit Irak ? - ;deux jours plus tard, seul devant la tombe du général de Gaulle à Colombey-lesDeux-Eglises. En discussion serrée avec des cheminots de Saint-Denis pour tenter de désamorcer le conflit sur les régimes spéciaux, quelques jours plus tard en discussion beaucoup plus musclée avec des pêcheurs du Guilvinec. Le spectacle est permanent. A peine quelques heures, et on passe à autre chose. Une seule condition c'est lui, et lui seul, qui impose le thème et le tempo. Furet-Sarko, il est passé par ici, et si l'envie lui prend, il repassera par là. Les médias, la télévision, la radio, les journaux, suivent comme ils peuvent. Une petite autocensure par-ci, un oubli par-là. Sur Internet, en revanche, c'est un festival, le Sarko Show en live et en intégral.Et puis il y a les livres, ces satanés livres, qui s'évertuent à mettre des grains de sable sur le papier glacé des magazines. Un coup c'est Bernard-Henri Lévy qui, dans Ce grand cadavre à la renverse (Grasset), retranscrit une conversation téléphonique hilarante avec le candidat Sarkozy. Un autre, ce sont nos consoeurs Ariane Chemin et Judith Perrignon qui nous font pénétrer dans La Nuit du Fouquet's (Fayard).Sans parler des éditeurs qui s'évertuent encore à prendre le président à ses mots. Calmann-Lévy, par exemple, qui, pour faire pendant à la Lettre aux éducateurs de Nicolas Sarkozy, publie les Lettres aux instituteurs, de Jean Jaurès, François Guizot et Jules Ferry. Jaurès, si souvent cité durant la campagne électorale du chef de l'Etat, Jaurès, une des références préférées de la « plume » du président, Henri Guaino. Voici ce qu'il écrivait le 15 janvier 1888 dans une lettre publiée par La Dépêche du Midi« 11 faut que toutes nos idées soient comme imprégnées d'enfance, c'est-à-dire de générosité pure et de sérénité. »Une belle épigraphe, non ?"
Frank Nouchi, Le Monde 17 novembre 2007
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire