"Girard, anthropologue du désir"(par Jacques Birbaum, le Monde , 23 novembre 2007)
"Né en 1923, diplômé de l'Ecole des chartes et longtemps professeur à l'université Stanford (Etats-Unis), René Girard a bâti une oeuvre originale, à mi-chemin entre réflexion savante et prédication chrétienne. Il est l'auteur de nombreux ouvrages de style flamboyant, qui sont lus et commentés un peu partout dans le monde, par des chercheurs de divers horizons, dans le domaine des études littéraires comme dans celui des neurosciences.Au fil des années, il a élaboré une anthropologie de la violence humaine, telle qu'elle se déploie dans ses liens avec le religieux. Puisant aussi bien dans la psychanalyse que dans les textes littéraires (Cervantès, Proust ou Dostoïevski), sa théorie est fondée sur des concepts désormais fameux comme ceux de « désir mimétique » et de « mécanisme victimaire ».« Ces instruments d'analyse ne sont pas des idées philosophiques ; ce ne sont pas non plus des concepts sociologiques ou philosophiques reconnus. Ce sont des rapports humains très simples », résume Girard dans la préface du volume qui vient de paraître sous le titre De la violence à la divinité (« Bibliothèque » Grasset, 1504 p., 29 €), qui réunit quatre de ses livres fondateurs,depuis Mensonge romanesque et vérité romantique (1961) jusqu'au Bouc émissaire (1982).Chacun désire toujours ce que désire autrui : tel est, selon Gérard, le ressort fondamental des conflits. De cette concurrence « rivalitaire » naît le cycle de la haine et de la vengeance, que les religions archaïques parviennent à résoudre en désignant un bouc émissaire : seul le sacrifice de celui-ci permet à la foule de se réconcilier, comme en attestent maints épisodes de lynchages à travers l'histoire.De ce point de vue, loin d'être un mythe parmi d'autres, la Passion du Christ vient rompre la logique infernale. En proclamant que le Christ est innocent, la révélation chrétienne fait événement : elle disculpe la victime, et dévoile ainsi le mensonge sanglant qui soutient toute culture archaïque. Bien plus elle révèle aux hommes le mécanisme intime de la violence, et leur propose d'y renoncer une fois pour toutes. Là est le grand « scandale » des Évangiles, celui dont René Girard se fait le propagandiste opiniâtre, entre prophétie apocalyptique et solitude résignée".
J. Bi.
1 commentaire:
Muy bien, Girard es el Darwin moderno.
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