Comment le capitalisme nous infantilise
Benjamin Barber
Fayard, 526 pages, 23 E
(extrait de l'article du Monde ce soir de F. Lemaître)
"Pour Benjamin Barber, cette vision du monde purement économique est simpliste. Infantilisante, même. Dans son dernier ouvrage, cet universitaire américain - célèbre pour avoir écrit dès 1995 un livre au titre prémonitoire Djihad versus McWorld (éd. Desclée de Brouwer) - décrit cette fois Comment le capitalisme nous infantilise. La charge est violente. Selon lui, à « l'éthique protestante » du capitalisme pensée par Max Weber a succédé un véritable « ethos infantiliste ». Pour survivre et vendre toujours plus, le capitalisme n'a aujourd'hui plus que deux solutions infantiliser les adultes et transformer les enfants en consommateurs. De l'analyse des films produits par Hollywood à la description minutieuse de ce que les professionnels de la publicité appellent le « kid empowerment », Benjamin Barber dresse, dans un premier temps, un panorama pas forcément nouveau mais toujours aussi effrayant de la stratégie marketing des grandes marques mondiales. Pour M. Barber, le phénomène est plus grave qu'on le croit, car « dans la culture pathologique de l'économie consumériste, le comportement du consommateur se révèle remarquablement inconciliable avec les tendances civilisatrices ».Les grands enfants que nous sommes restés ou redevenus sont incapables de penser le complexe. Tout doit être simple et rapide, que ce soit l'information réduite à de l'info-spectacle, les règles d'un match de basket, l'acquisition d'une arme à feu ou une procédure de mariage.Mais le consommateur-roi ne se contente pas d'être un grand gosse, c'est aussi un redoutable égoïste, supportant de moins en moins les compromis qu'impose la vie en société. La haine de l'Etat qui découle du tout-marché est hautement dangereuse, explique Benjamin Barber. « Quand on affirme aujourd'hui que seules les personnes privées sont libres, que seuls les choix personnels comme ceux que font les consommateurs sont autonomes, ces idées attaquent non la dictature mais la démocratie. »(....)
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