lundi 15 octobre 2007

Fini le temps des songes creux


"On est sorti du temps des hommes et des femmes providentiels. On est sorti du temps de l'absolu sur terre. Je crois à la politique comme art du compromis...Le ciel politique est vide. Il n'y a pas le Bien en majesté. La politique, ce n'est pas l'affrontement du diable et du bon Dieu" dixit Bernard-Henri Levy (Ce grand cadavre à la renverse)
Je suis totalement d'accord..
je cite toujours pour ma part cette phrase de Raymond Aron

"La démocratie est le seul régime qui avoue, que dis-je, qui proclame que l'histoire des Etats doit être écrite non en vers, mais en prose" (Préface du Savant et le politique)

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,
"Le ciel politique est vide", en effet. C'est Claude Lefort qui le dit également très bien :
"C’est la reconnaissance du conflit, le refus d’une autorité inconditionnée, le refus d’un pouvoir incarné dans un monarque ou dans une institution, qui est à l’origine et au cœur du mouvement démocratique. Dès lors qu’il y a acceptation du fait que, comme je l’ai dit, le lieu du pouvoir est vide, il peut du même coup y avoir une reconnaissance de ce que la connaissance ne peut s’ancrer dans un dogme"
Mais alors, cela signifie- t- il, qu'en politique, "l'homme serait la mesure de toutes choses"... ??
Cordialement

Lhansen-Love a dit…

NON!
Pas pour Lefort, qui s'en explique à la fin du texte : "ce qui ne signifie pas que le pouvoir et la loi sont les simples produits de la volonté collective, ce qui serait absurde".
Lefort est plus proche de Arendt que de Protagoras
Arendt:"ni l'homme ni un Dieu n'est la mesure de toute chose, mais le bien lui-même" (pour Aristote en tout cas) (La crise de la culture p 149)

Lhansen-Love a dit…

(suite) Même si le "bien" n'est pas dans le ciel...

Anonyme a dit…

Bonjour,
Pourriez vous expliciter la phrase de Raymond Aron svp ?

Lhansen-Love a dit…

"L'histoire ne doit pas être écrite en vers": poésie, mythologie, lyrisme, épopée, héroïsme etc..
"L'histoire doit être écrite en prose": comme tout le monde vit et parle.
De plus elle le proclame: elle l'affiche, elle s'en félicite.
la démocratie évite le mensonge de l'épopée, même exaltant...
(cela rejoint le mot de Churchill: "le pire des régimes à l'exception de tous les autres" (les autres étant écrits en vers)

Anonyme a dit…

Oui, vous avez raison pour Lefort ! Il montre, en effet, à la fin du texte l'importance du "symbolique" dans l'ordre social en démocratie.
A lire également l'excellent livre de Marcel Gauchet, "La religion dans la démocratie" pour qui la société moderne s’est émancipé et a pris son essor à l’extérieur voire contre la réalité religieuse dans laquelle elle avait vu le jour, mais tout en se réappropriant son contenu :
"« La société moderne n’est pas une société sans religion mais une société qui s’est constituée dans ses articulations principales par métabolisation de la fonction religieuse »
C'est très passionnant...

Lhansen-Love a dit…

OUi, le texrte de Steiner va dans le même sens.Le marxisme a remplacé un temps nos anciennes religions