Je vous répondrai ce soir. En attendant, je vous soumets deux textes, celui de Tocqueville qui montre que c'est le despotisme qui fait du bonheur une affaire d'Etat, et le texte de Badinter sur la disctinction privé/public.
Le bonheur est-il une affaire privée? Cette question divise profondément les philosophes. Depuis Saint Just ( "le bonheur est une idée neuve en Europe"), il existe une tradition révolutionnaire pour laquelle l'Etat a pour mission d'apporter à tous les conditions de possiblilité du bonheur, ce qui passe par des conditions aussi égales que possible et dignes pour tous. Mais en face , il y a la tradition libérale (B. Constant, Tocqueville) qui dit que le bonheur est une affaire privée. Regardez sur mon blog le texte de Constant: "De la liberté des anciens et des modernes". "Que l'autorité se borne à être juste, nous, nous chargerons d'être heureux". B. Constant A vous de voir qui a raison! Il faut bien poser le pb de la distinction entre ce qui est privé (vie sexuelle, vie conjugale, procréation, religion????) et ce qui est publique. Qu'est-ce qui relève de l'Etat? L'Etat doit-il me garantir un métier? la santé? un partenaire sexuel?
On pourrait ajouter également quelques pbs qui découlent de cette distinction privé/public, du droit naturel à la recherche de bonheur et plus globalement des droits de l'homme comme nous les comprenons aujourd'hui. C'est notamment parceque chacun revendique son droit à rechercher SON bonheur comme il l'entend qu'aucune "direction commune" n'est envisageable dans nos démocraties. Le droit de chacun génère en quelque sorte l'impuissance, la paralysie générale. Notamment au niveau la crise actuelle de notre planète cela pose problème. Si mon bonheur c'est de me déplacer seul en 4x4 dans Paris, c'est mon droit non ? Après on peut comprendre pourquoi certains deep-ecologists notamment aux USA cultivent une haîne profonde pour la déclaration des droits de l'homme. Et pourquoi ils considérent que seul un despotisme éclairé-écolo pourrait nous faire sortir de là.
Ce n'est peut-être pas la seule solution si ? On dit que ma liberté s'arrête là où celle des autres commence, je peux rechercher mon bonheur tant que je ne gêne pas autrui. Une solution serait peut-être d'élargir cette notion d'"autrui". Notamment en y ajoutant les générations futures et les être vivants non humains..ça pourrait arranger un peu les choses.
Je pense cependant qu'en ce qui concerne la pollution à outrance, (le 4x4 à Paris etc) on n'a pas besoin d'élargir la notion d'autrui pour trouver cela aberrant. Le bonheur de l'automobiliste en 4x4 empiète sur ma liberté de respirer proprement et sur ma recherche de bonheur en tant que cycliste.
"ce ne peut être pas la seule solution si" Comment comprendre cette phrase? (moi je suis pour l'élimination totale de l'automobile à Paris. On y viendra, mais dans combien de temps? )
J'étais ironique évidemment. Je ne vois pas vraiment l'installation d'une dictature écolo comme une solution ! Cependant vu la lenteur du changement en démocratie je comprends que, par paresse sans doute, l'on puisse se laisser séduire par ce genre d'idée.
Professeur de philosophie, auteur et éditrice d'ouvrages de philosophie (Belin et Hatier )
Mes derniers ouvrages:
Philosophie de A à Z (Hatier)
Cours particulier de philosophie (Belin) La philo en dix leçons (le webpedagogique)
6 commentaires:
Bonjour Mme Hansen Love! Encore un lycéen perdu de TL qui vient vous demander de l'aide.
Le bonheur est il une affaire privée?
Merci pour quoi que vous fassiez!
Votre site est génial!
Je vous répondrai ce soir. En attendant, je vous soumets deux textes, celui de Tocqueville qui montre que c'est le despotisme qui fait du bonheur une affaire d'Etat, et le texte de Badinter sur la disctinction privé/public.
Le bonheur est-il une affaire privée?
Cette question divise profondément les philosophes.
Depuis Saint Just ( "le bonheur est une idée neuve en Europe"), il existe une tradition révolutionnaire pour laquelle l'Etat a pour mission d'apporter à tous les conditions de possiblilité du bonheur, ce qui passe par des conditions aussi égales que possible et dignes pour tous. Mais en face , il y a la tradition libérale (B. Constant, Tocqueville) qui dit que le bonheur est une affaire privée. Regardez sur mon blog le texte de Constant: "De la liberté des anciens et des modernes".
"Que l'autorité se borne à être juste, nous, nous chargerons d'être heureux". B. Constant
A vous de voir qui a raison!
Il faut bien poser le pb de la distinction entre ce qui est privé (vie sexuelle, vie conjugale, procréation, religion????) et ce qui est publique.
Qu'est-ce qui relève de l'Etat? L'Etat doit-il me garantir un métier? la santé? un partenaire sexuel?
On pourrait ajouter également quelques pbs qui découlent de cette distinction privé/public, du droit naturel à la recherche de bonheur et plus globalement des droits de l'homme comme nous les comprenons aujourd'hui.
C'est notamment parceque chacun revendique son droit à rechercher SON bonheur comme il l'entend qu'aucune "direction commune" n'est envisageable dans nos démocraties. Le droit de chacun génère en quelque sorte l'impuissance, la paralysie générale.
Notamment au niveau la crise actuelle de notre planète cela pose problème. Si mon bonheur c'est de me déplacer seul en 4x4 dans Paris, c'est mon droit non ? Après on peut comprendre pourquoi certains deep-ecologists notamment aux USA cultivent une haîne profonde pour la déclaration des droits de l'homme. Et pourquoi ils considérent que seul un despotisme éclairé-écolo pourrait nous faire sortir de là.
Ce n'est peut-être pas la seule solution si ?
On dit que ma liberté s'arrête là où celle des autres commence, je peux rechercher mon bonheur tant que je ne gêne pas autrui.
Une solution serait peut-être d'élargir cette notion d'"autrui". Notamment en y ajoutant les générations futures et les être vivants non humains..ça pourrait arranger un peu les choses.
Je pense cependant qu'en ce qui concerne la pollution à outrance, (le 4x4 à Paris etc) on n'a pas besoin d'élargir la notion d'autrui pour trouver cela aberrant. Le bonheur de l'automobiliste en 4x4 empiète sur ma liberté de respirer proprement et sur ma recherche de bonheur en tant que cycliste.
"ce ne peut être pas la seule solution si"
Comment comprendre cette phrase?
(moi je suis pour l'élimination totale de l'automobile à Paris. On y viendra, mais dans combien de temps? )
J'étais ironique évidemment. Je ne vois pas vraiment l'installation d'une dictature écolo comme une solution !
Cependant vu la lenteur du changement en démocratie je comprends que, par paresse sans doute, l'on puisse se laisser séduire par ce genre d'idée.
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