"Les formes sont les divinités tutélaires des institutions humaines. Ce sont les formes qui empêchent la barbarie" Benjamin Constant
Ce propos s'applique particulièrement à l'école.
En voici une illustration tirée du livre que je suis en train de lire:
En voici une illustration tirée du livre que je suis en train de lire:
" L'enseignant a le devoir de le faire trimer : il n'est pas là pour faire garderie - ni pour animer des débats, ou encadrer des travaux personnels pompés sur Internet.
Là est la vraie demande : apprendre. Revenir chez soi le soir plus riche qu'il n'en est parti. Qu'as-tu appris aujourd'hui à l'école?» Si à cette question des parents, l'enfant ou l'adolescent n'a rien à répondre, c'est qu'il a perdu sa journée. Que les parents sourient, de manière complice, en reconnaissant ce qu'eux-mêmes ont appris à son âge, ou qu'ils soient interloqués, courroucés parfois, devant des enseignements tout à fait nouveaux, peu importe. Élèves et profs appartiennent à une chaîne de transmission.
Il en résulte que l'enseignant n'est pas un copain. On ne l'appelle pas par son prénom, on ne le tutoie pas - pas plus dans les petites classes qu'en université. Lorsque Camus dédicaça ses premiers livres à son instituteur de CM2, il écrivit : " À M. Louis Germain. » Pas à Louis »,ni même « à Louis Germain». Il lui devait sans doute des coups de règle sûr les doigts, quelques tiraillements d'oreille, et sa réussite à l'examen d'entrée en sixième - parce qu'à cette époque, on devait mériter l'entrée en sixième. Louis Germain prêta des livres au futur prix Nobel, il se rendit même chez lui pour convaincre sa mère et sa grand-mère de laisser le petit Albert faire des études - rien qui sortît de sa mission première enseigner. De la même manière, en première supérieure (nous disons aujourd'hui terminale), son professeur de philosophie, Jean Grenier, passa au jeune footballeur, fils d'une femme de ménage, des livres et des revues qu'il ne risquait pas de se procurer avec sa maigre bourse de pupille de la nation. Parce qu'il était là pour le faire progresser. Et rien d'autre.Profitons-en pour faire remarquer aux partisans des « héritiers» que l'on pouvait alors naître et grandir dans le quartier Belcourt d'Alger et monter jusqu'au sommet de la gloire. Nous y reviendrons.
L'enseignant n'est pas une assistante sociale, même s'il doit être attentif à ces petits riens qui trahissent de vrais désarrois. Les demandes des élèves sont réelles, et permanentes, mais doivent être entendues de façon à ramener sans cesse l'enfant vers sa tâche première : apprendre. Nous enseignons, nous n'éduquons pas - ou fort peu".
L'enseignant n'est pas une assistante sociale, même s'il doit être attentif à ces petits riens qui trahissent de vrais désarrois. Les demandes des élèves sont réelles, et permanentes, mais doivent être entendues de façon à ramener sans cesse l'enfant vers sa tâche première : apprendre. Nous enseignons, nous n'éduquons pas - ou fort peu".
Jean-Paul Brighelli La fabrique du crétin La mort programmée de l'école. 2005 Folio
6 commentaires:
Je trouve le Brighelli très pertinent. Il faut aussi aller faire un tour sur son blog : http://bonnetdane.midiblogs.com/
Sinon, j'ai trouvé dans mon casier ce matin La lettre à Ménécée dans l'édition que vous dirigez.
J'avoue que je restais sceptique à l'endroit des habituelles éditions scolaires (je préfère du coup les 1001 nuits), mais celui là m'a séduit tant au niveau du contenu et de l'objet. Il est agréable comme tout ce petit libre (et il ressemble vraiment à un livre).
Cordialement
Je trouve cet extrait touchant, sans savoir pourquoi.
C'est une belle histoire, si l'on veut que le parcours de Camus.
Enfin, je peux vous dire que les profs comme ça sont rares mais ils existent.
Cette année, j'avais une prof d'anglais géniale (peut-être la meilleure que j'ai jamais eu d'ailleurs) qui m'avait prêté des bouquins en anglais.
Elle nous proposait aussi des Cds genre les Cds qu'on reçoit avec "today in english" je crois, pour qu'on pratique notre oral...
Autant dire que ça change du fonctionnaire qui sort de la classe en courant dès la sonnerie !
Voilà, c'était juste pour vous apporter cette petite note positive :)
bonjour, je suis élève en khâgne option philosophie, j'ai eu un sujet récemment sur la liberté "quelle servitude l'homme souffre-t-il?" mais je n'ai aucun texte sur lequel m'appuyer, pourriez vous me conseiller des oeuvres ou des auteurs en particulier?
pour le petit Hatier...
Les décisions ont été prises chez Hatier, pour la nouvelle formule, sans mon approbation, et j'étais un peu dubitative. Alors vous me réconfortez
A anonyme numéro 2;
Sur les servitudes, c'est difficile de se limiter.
Voyez Epictète, manuel, Hegel, Maître et esclave.
Spinoza, l'Ethique 4,
La Boétie La servitude volontaire
Feuerbach sur l'aliémation religieuse et Tocqueville sur la démocratie et fameux chapitre 4, partie IV du Tome 2 de la démocratie en amérique.
Votre prof ne vous donne pas de bibliographie? Peut-être veut-il que vous vous débrouillez vous-même? (j'espère que vous n'êtes pas au lycée de Sèvres...)
Avez-vous vu le petit Profil "La liberté" par E. Clément qui est accessible sur le site de Grenoble (si je ne me trompe)?
Sur "la mort programmée", je me permets de renvoyer à mon dernier post : http://scrittu.blogspot.com/
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